New York City & Floride
Pour notre troisième voyage aux Etats-Unis, nous avions décidé de découvrir la côte Est. Histoire d’à la fois pimenter et adoucir un peu les choses, ce serait notre deuxième voyage à trois, avec notre petite fille de presque deux ans, et le premier où nous serions seuls tous les trois. Au programme : une semaine à New York City, dix jours en Floride, avec une voiture, puis retour dans la grande pomme pour 4 jours avant de rentrer. Installez-vous confortablement et suivez le guide ! 🙂 ➡
Préambule : avant le départ
Une organisation maison
Nous avions jusqu’alors confié nos précédents voyages, sur la côte Ouest, à une agence proposant des formules sur-mesure, adaptées en fonctions de nos desiderata. Cette fois, nous avons pris notre courage à deux mains (voire à quatre) et avons décidé de tout organiser par nous-mêmes. C’est ainsi que nous avons réservé des vols secs (internationaux et internes pour voler de New York City à Orlando) puis déniché des logements via AirBnB, parfois pour une semaine, parfois pour une nuitée. Nous avons ensuite fait nos demandes ESTA auprès du service adéquat.
A noter que les enfants de moins de deux ans peuvent voyager en avion sans billet propre, sur les genoux d’un adulte ; en l’occurrence, l’un des deux parents, voire les deux à tour de rôle ou en même temps, le temps d’une sieste (l’espoir fait vivre).
Toutefois, les compagnies ne prévoient pas nécessairement de ceinture pour bébé (il faut par conséquent tenir l’enfant sur soi, en étant soi-même attaché) ni de repas. Cependant, en pratique, les hôtes et hôtesses de l’air sont souvent sympathiques et proposent de petits gâteaux, du pain, une compote, etc. C’était donc décidé : nous allions tenter l’aventure de huit heures d’avion avec une grenouille sur les genoux, au grand dam de nos voisins de fuselage.
Enfin, pour les activités, qu’il s’agisse de New York City ou de la Floride, nous avions pris le même parti : glaner les informations sur Internet, comparer, choisir ce que nous voulions faire et l’organiser nous-mêmes.
Je lorgnais depuis quelques semaines déjà les drones de loisir. J’attendais fébrilement la sortie du petit nouveau, le DJI Spark, afin d’étudier son éventuelle acquisition. Une fois sorti, après comparaison avec son grand frère, le DJI Mavic Pro (un modèle plus haut de gamme, sorti plus tôt), c’est finalement ce dernier qui l’a emporté et je l’ai co-acheté avec un ami qui l’a récupéré in extremis, la veille de mon départ.
Les grandes interrogations
Nous redoutions évidemment le (long) voyage avec notre crevette, car elle est encore petite et le temps peut lui sembler très long, assise pendant huit heures sans bouger dans un espace confiné… Finalement, ça s’est globalement bien passé si l’on oublie quelques râleries de fatigue.
On se demandait aussi comment on allait circuler sur place, avec elle. Nous souhaitions marcher et utiliser le métro, mais la ville est grande et ses jambes sont petites. Il nous est venu l’idée d’acheter une poussette-canne d’occasion sur place, dès notre arrivée, puis de la revendre avant de partir, mais il aurait fallu faire la manip deux fois (puisque nous allions à New York City, puis en Floride, puis retour à New York City). Par ailleurs, cela voulait dire pas de poussette dans les aéroports, et nécessité de rechercher, trouver et récupérer une poussette en urgence à chaque grand changement. Finalement, nous avons lu que la poussette ne comptait pas dans les bagages en soute ; nous avons par conséquent décidé d’emporter la nôtre et de la faire voyager. Comme ça, ce serait tout confort (dans tous les sens du terme).
New York City et ses improbables contiguïtés
Les valises posées, le stress du voyage retombe et la fatigue apparaît sérieusement. Nous avons un jet lag (pas le plus difficile) qui nous motive à décaler le début des déambulations touristiques au profit d’une sieste salvatrice. Nous sommes installés dans un B&B très mignon, de briques et de bois, dans l’un de ces immeubles un peu étroits si typiques de Brooklyn. L’escalier est assorti et la manipulation des 60 kilos de bagages et de la poussette a quelque chose d’acrobatique. Pas de climatisation, mais un ventilateur dans la chambre : cela fera bien l’affaire.
En résidant à Brooklyn, on y trouve ce que l’on est venus chercher : le quotidien des locaux. On fait nos groceries dans les stores du quartier, alternativement bruts et très sophistiqués, sans transition. On s’attardera notamment dans une petite boutique, Bravo Supermarkets, mettant en avant des produits organic (+/- l’équivalent de notre « bio »), des choses à base de plantes, de cultures locales, de frais. La boutique en elle-même est très agréable, très végétale et relaxante.
Plusieurs choses sont vite frappantes à New York City. D’abord, son effervescence. Ensuite, son titre non usurpé de ville la plus cosmopolite du monde : on croise des gens de toutes origines, de tous statuts sociaux, et ce un peu partout. C’est très agréable. Ensuite, on comprend aussi que c’est une ville qui revêt plusieurs facettes : très business-orientée au sud de Manhattan, très résidentielle dans Brooklyn, très technologique et commerçante à Times Square, mais également très paisible et verdoyante dans Central Park, par exemple, véritable poumon semblant hors de la ville alors même qu’il en est au cœur (nord de Manhattan).
Times Square
Times Square, c’est comme dans les films. Ça fait partie de ces lieux qu’on n’a jamais visités mais que l’on connaît déjà, c’est une drôle de sensation. On y retrouve la foule cosmopolite, les artistes de rue, l’effervescence avec une bonne ambiance, le royaume de la publicité, les écrans géants et les gratte-ciels. Nous y passerons à plusieurs reprises, à différentes heures de la journée et de la nuit, et chacune offre un visage particulier.
Un type joue du piano. Il a pris la place d’une jeune fille après son départ. Il joue New York, New York, de Frank Sinatra, en chantant. L’interprétation est très réussie. Fort de son succès et plébiscité par son éphémère public, il enchaîne avec une version personnelle du titre phare d’Harry Connick Jr. : It Had to Be You.
On trouve ici un stand qui vend les New York CityPass, des formules pour visiter un ensemble de musées et attractions touristiques à tarif préférentiel, par rapport à l’achat de billets individuels. Ça reste relativement cher (pour 6 attractions/musées, $125 par tête, soit environ 108€), mais si vous partez dans l’idée de faire au moins 4 des 6 activités présentées, alors le CityPass est déjà plus intéressant financièrement. A titre informatif, le tarif total pour 6 attractions serait de $212, soit environ 189€.
L’ambiance sur Broadway et sur la 42th St. au crépuscule est vraiment chouette : l’heure bleue donne un ciel plus sombre mais pas tout à fait noir, et, conjuguée aux teintes des panneaux publicitaires lumineux et aux phares des voitures, confère une atmosphère colorée et contrastée.
Subway
Le métro new-yorkais a la particularité suivante : un même quai peut accueillir différentes lignes de métro (voire d’express). Il en a une autre, plus pénible dans notre situation : parfois, la bouche de métro conduit exclusivement à l’une des deux directions d’une ligne donnée. Autrement dit, si vous vous trompez, il faut remonter sur la rue, traverser et emprunter la bouche opposée. Ce n’est pas un problème en soi, mais lorsqu’on se déplace avec une poussette et qu’il faut la porter sur des dizaines de marches, réaliser qu’on a fait fausse route prend une tout autre dimension !
Central Park
Ce qui m’a d’abord surpris, c’est l’étendue de ce parc. Je l’imaginais comme un gros square au centre nord de la ville, là où il s’agissait en réalité d’un immense parc de 3,41km² (environ 4km de long sur 800m de large), aux nombreuses allées ponctuées de bancs, de kiosques, de terrains de sport (on tombe, au détour d’un chemin, sur une zone de base-ball !)… L’illustre « réservoir » est lui aussi tout à fait énorme et impressionnant. Et on a la bonne surprise de profiter d’un reposant silence alors même que l’on se trouve encerclé par la métropole.
On y croise des coureurs, des cyclistes, des familles, des travailleurs, des badauds comme nous, bref : l’échantillon tout à fait représentatif du melting pot qu’est New York City. Nous avons hésité à louer des vélos (c’est apparemment une des activités —y compris mercantile— très en vogue dans ce parc, mais finalement, la promenade à pied l’a emporté, n’étant pas motivés pour rester trop longtemps dans le parc.
Top of the Rock(feller Tower) & Empire State Building
Tout bon touriste passe, au cours de son séjour, par « Top of the Rock » ou par l’Empire State Building : leurs sommets offrent des vues imprenables sur la ville. Nous, nous avons carrément fait les deux, mais l’expérience est au final assez similaire. Si nous l’avions su auparavant, nous aurions peut-être essayé d’alterner les créneaux de visite afin d’en faire une au crépuscule, encore que les heures d’ouverture ne coïncidaient pas avec l’heure du coucher du soleil, en été.
Little Italy
Lorsqu’on parcourt Chinatown, on peut facilement se retrouver surpris de la contiguïté du quartier avec celui de Little Italy, sans frontière réellement identifiable. En l’espace d’une rue, on change de continent et l’on passe d’un secteur très populaire et « chargé » à un quartier plus chic, avec de la brique et du fer forgé. Nous boirons un thé à Chinatown et nous mangerons dans une trattoria de Little Italy.
Nous connaîtrons dans ce quartier la pluie la plus intense de toute notre présence à New York City, mais elle sera heureusement de courte durée, surtout que nous n’avions pas de parapluie.
On peut en voir un extrait dans la vidéo en bas de page.
Wall Street et le District
Wall Street impressionne, forcément, quand on ne connaît que La Défense et La City. Nous vîmes à de multiples reprises des gens sortir en costumes trois pièces, attendus par leur chauffeur, puis disparaître dans de luxueuses berlines noires. On se croirait dans Suits !
Au détour d’une tour, on tombe sur un petit complexe commercial appelé Le District (sic). Il s’agit d’un ensemble de boutiques façon « marché » articulées autour des produits français. Importés de France. Oui, oui, vous avez bien lu. On y retrouve différents types de produits, du savon Le Petit Marseillais au sel La Baleine en passant par les gâteaux Prince, mais à un tarif tout à fait exorbitant ! Par exemple, le paquet de Prince coûte $7.25 ! C’est absurde et inattendu, mais so chic. La gastronomie et le style de vie à la française ont vraisemblablement toujours la côte là-bas, le lieu se veut raffiné, un peu bobo même. On trouve ça assez rigolo 😉
Après avoir cassé notre PEL pour acheter une tranche de jambon à la coupe à Louise, on ressort et on va s’installer sur l’un des quelques bancs du parc adjacent, au milieu des travailleurs en pause déjeuner. C’est relativement calme, étrangement, alors qu’on est en plein dans l’effervescence du quartier d’affaires.
Le mémorial du World Trade Center
Difficile de passer à New-York et d’arpenter son quartier d’affaires sans penser au 11 septembre 2001. En lieu et place des tours jumelles se trouvent maintenant deux immenses puits d’eau. En entrant dans le Mémorial, on ne prend pas tout de suite la mesure de ce que l’on va voir. Premièrement, bien que cela puisse surprendre, tout se passe au sous-sol. Le niveau zéro n’est qu’un immense hall blanc carrelé. On emprunte, comme c’est le cas dès que possible avec la poussette, les ascenseurs pour descendre sous terre et découvrir une frise chronologique, une timeline des évènements de cette sombre journée, juxtaposée à de nombreux témoignages, de nombreux stigmates et de nombreux hommages relatifs à cette catastrophe. Ça commence par d’énormes IPN qui faisaient partie de la structure acier des tours, et qui, sous le choc de l’impact, du poids des étages supérieurs et/ou de la chaleur, sont totalement déformés, voire rompus. L’effet est d’autant plus saisissant qu’ils sont immenses et semblent d’une robustesse démesurée.
Plus bas, on voit l’un des camions de pompiers ayant servi le jour J, dans un bien piteux état. A quelques mètres, d’énormes moteurs, des turbines, des pièces mécaniques d’une taille impressionnante, sont elles aussi chiffonnées comme de vulgaires boules de papier. Une petite enclave vitrée expose les oeuvres pleines d’émotions de plusieurs artistes. C’est alternativement calme, paisible, graphique, géométrique, torturé, flamboyant, étouffant.
La vie à New York City
Ce qui change beaucoup, par rapport à Paris, c’est la façon dont on peut tomber sur un terrain de basket-ball entre deux immeubles résidentiels, en pleine ville. C’est le fait de tomber sur des bibliothèques aux allures de musées, ouvertes, gratuites, en service, toujours au cœur de l’activité urbaine, ou encore sur un petit cimetière à deux pas du Mémorial du 11 septembre 2001. A vrai dire, c’est très plaisant, ça diversifie les expériences, les ambiances, ça permet de créer des ruptures rythmiques dans les promenades.
La librairie Strand
Au croisement de la 12ème rue Est (East 12th St.) et de Brooklyn Street, on tombe sur la librairie Strand (Strand Bookstore), un lieu que nous avons vraiment beaucoup aimé. Si le contenu est peu ou prou semblable à ce que l’on peut trouver dans les FNAC de chez nous, le lieu a du cachet, on s’y sent comme dans une vieille bibliothèque, les vendeurs/conseillers (tout à fait serviables) utilisent d’ailleurs des échelles de bibliothécaires et de grands escabeaux pour atteindre les étagères les plus hautes. Le lieu est si chouette que l’on pourrait y passer des heures, entre les livres, les badges, les stylos, les magnets, les jeux de société, la papeterie, etc.
Grand Central Station
On ne la présente plus. Paris a sa Gare du Nord, Rome a Termini, et New York City a Grand Central. La grande halle est tout à fait immense et la lumière qui l’inonde est du plus bel effet. La gare est distribuée sur plusieurs étages : on y trouve les quais, tout en bas, puis les couloirs au-dessus, puis les restaurants et boutiques encore au-dessus, puis la grande halle au niveau intermédiaire, jusqu’aux coursives et à l’Apple Store au premier étage.
Jardins urbains
En arpentant les rues de la ville pour aller récupérer notre station de métro et regagner nos appartements, nous sommes tombés sur un joli jardin urbain, délimité par un grillage. On peut y cultiver quelques fruits et légumes mais aussi, plus simplement, y sentir des fleurs, s’y installer pour bouquiner un peu, se détendre. C’est une sorte de salon végétal extérieur, un repaire à chats, et un endroit où l’on cause, entre deux nains de jardin.
Les breakfasts
Comme à chaque fois, et c’est une institution depuis le premier voyage aux Etats-Unis, nous mettons un point d’honneur à déjeuner façon locale, chaque matin. Ce matin-là, nous avions découvert, avec l’aide de Trip Advisor, un restaurant avec un caractère : Tom’s Restaurant. Il y faisait chaud, mais le déjeuner y fut fort copieux et tout à fait succulent. Entre deux pancakes, on peut voir la mine de notre petite Loulou, inquiète par l’action dramatique du dessin animé… Le Monde de Dory !
La Floride
Delta, ça ne plane pas
Alors que nous n’utilisons jamais ce service en France, nous avons plusieurs fois sollicité Uber aux Etats-Unis, faute de disposer d’une voiture à New York City. On a d’ailleurs empiriquement constaté les fluctuations de tarifs en espaçant les simulations de trajet d’à peine quelques secondes (à +/- $20, tout de même, pour une course à $50). Bref, avec nos 50Kg de bagages, la poussette et la crevette, chaque grand mouvement était une expédition. Donc, merci Uber.
Pour nous rendre en Floride, nous avions prévu la solution la plus efficace et la moins fatigante (spoiler alert: sur le papier) : le vol interne. Delta Airlines a été notre compagnie. Malheureusement. Remarquez, je dis ça mais il paraît (de la bouche d’un personnel Delta, évidemment) qu’il ne sont pas les seuls concernés par ce qui nous est arrivé. Rien d’exceptionnel, juste un gros retard qui double le temps de voyage initialement prévu. En effet, il est apparemment de notoriété publique (du moins, pour les initiés, professionnels ou habitués) que le hub de New York City est toujours très congestionné, que les vols longs-courriers sont prioritaires et que cela se fait toujours au détriment des vols internes qui souffrent de retards aussi réguliers qu’importants.
‘Muricaaaaa !
Ereintés par ce vol de 3h devenu une mésaventure de 6h, on récupère notre voiture de location en arrivant à Orlando. Et là, on retrouve les symptômes de 2009 (et dans une moindre mesure, de 2014) avec le goût de la démesure. Le gars d’Alamo (ouais, du coup c’était Alamo, le loueur, mais t’avais déduit ça tout(e) seul(e)) nous fait, comme ça :
Take any car that’s parked on the left. The one you like most.
Cool, le gars. OK, ni une ni deux, je balaie les mastodontes du regard pour trouver l’heureuse élue. Rapidement, je vois un machin énorme, style SUV-break (ouais, SUV c’est pas assez gros) façon caisses de la CIA dans les films. Je me dis que les bagages vont pouvoir tous y tenir sans obstruer la vue dans le rétro intérieur. Sellerie cuir, 7 places pour 3 (deux et demi), allez, c’est parti. Ah, j’ai oublié de demander pour le siège auto. Le gars me refait le même coup en m’indiquant une petite pièce derrière sa guérite et en m’invitant à choisir le siège de mon choix. Je fais le tour, incrédule, et je tombe sur l’équivalent de la bibliothèque de la Belle et la Bête ! (sauf que c’étaient des sièges enfant neufs sous blister, sur des étagères… non mais suivez, sinon c’est lourd).
Bref, on fixe ça comme on peut, on s’installe, et roulez jeunesse ! J’essaie tant bien que mal de m’habituer aux proportions prétentieuses de la voiture, et force est de constater que nos « SUV » français n’ont de SUV que le nom, par rapport à leurs cousins américains. Mais c’est maniable, relativement confortable, très spacieux et pratique. Cool, car on va pas la laisser sous une bâche… on compte bien s’en servir.
Péages & petites mésaventures
Nous voilà sur les highway de Floride. Tiens, un péage… Ah non, c’est juste le portique pour prendre un ticket… Ah non, les autres passent lentement sans s’arrêter… Je fais pareil. MAIS. Les autres, ils ont une sorte de télépéage. Du coup, moi, j’ai fait une toll violation ! FFS! Je pile, je me gare. Je vais voir, confus, la nana dans sa guérite de péage qui m’explique que c’est trop tard, ma plaque a été filmée par le système comme véhicule fraudeur… Ça commence bien. Bon, soit. Il faut donc s’attendre à se prendre une fine (amende) à la sauce US, ainsi qu’une potentielle majoration par Alamo.
Qu’à cela ne tienne, ça ne va pas ternir le plaisir d’être là. On repart. Deuxième péage. Un homme averti en vaut deux (Coluche, si tu m’entends…), cette fois je m’arrête pour payer. Ah, ils ne prennent aucune carte de paiement, seulement du liquide. On n’en a pas retiré. On racle les fonds de tiroir et on arrive pile poil à rassembler l’équivalent d’$1.75 je crois. Je demande quand même s’il y a d’autres tolls sur la route car ça va devenir short stack chez nous, niveau liquidités : dans 11 miles. Et l’ATM le plus proche ? Dans 8 miles. OK, ça le fait, mais pas le droit à l’erreur ! Ils sont fous, ces floridiens !
Orlando, centre névralgique du loisir
Le lendemain, on découvre la Floride de jour, et c’est drôlement chouette. On a prévu d’aller à Disney World, vu qu’on est à Orlando. On se rend vite compte qu’Orlando est en réalité une ville de recreation parks ! Ils ont 4 grands parcs Disney, dont Magic Kingdom que nous visiterons (le plus adapté pour notre petite Loulou), mais aussi un grand zoo, des mini-golfs, de l’accrobranche, bref : une tonne d’infrastructures de loisir pour les enfants. Nous aurons même la chance de vivre la célébration du National Day (4th of July) et des feux d’artifice, à cette occasion.
Cape Canaveral : d’Atlantis à Apollo en passant par le Falcon
Laura ayant un intérêt personnel, familial et professionnel pour tout ce qui est relatif au domaine aérospatial, un passage par Cap Canaveral était évident pour la visite du Kennedy Space Center, un véritable musée en la matière, très riche en informations et accueillant de nombreux lanceurs, fusées, moteurs, équipements de spationautes (combinaisons, casques, de différentes époques, pour différentes missions, etc.). La chaleur est torride, et nous ne résistons pas longtemps à l’appel d’une glace alors que nous sommes sur le point d’attaquer un tour guidé du site, en bus. On laisse la poussette dans le parking dédié (ils sont fous, ces américains), on gobe nos glaces et on embarque à bord, tout proche du chauffeur qui commente la promenade. Le site est immense et l’on approche de très près l’un des (très nombreux) pas de tir de Falcon 9, le lanceur de SpaceX.
Au retour, on visite à pied les différents halls de musée, certains étant carrément des hangars pour accueillir les dimensions pharaoniques des véhicules spatiaux. On y verra Atlantis en coupe, puis on passera par une réplique de son cockpit qui fit le bonheur de bien des enfants, dont Louise, tant et si bien qu’elle gardera comme souvenir une réplique miniature de cette navette.
Sur place, un animateur du centre nous apprend qu’un tir de Falcon 9 est prévu le lendemain soir. Nous avions prévu d’aller à Disney et nous irons, puis, le soir, direction Cape Canaveral pour assister à cet évènement depuis Cocoa Beach, un lieu depuis lequel on voit à l’œil nu, au loin, le pas de tir. Finalement, nous nous garerons sur un bord de route, parmi d’autres intéressés, car la vue est encore meilleure et que les bouchons du centre-ville nous auraient de toute façon empêchés d’y arriver à temps. C’est l’effervescence, la météo est belle, le crépuscule arrive doucement. L’heure tourne, on est connectés sur le livestream de la NASA pour suivre l’avancée des préparatifs. La fenêtre de tir s’ouvre, tout est OK. Le décompte commence. Puis, à 9 secondes de la mise à feu : abort! On est évidemment déçus car on doit repartir le lendemain. Allez, on est pas là tous les jours : qu’à cela ne tienne, le lancement étant reporté au lendemain, c’est décidé, nous referons la route pour y assister. Ce sera malheureusement un deuxième flop pour Elon Musk. La fusée partira bel et bien, mais 3 jours plus tard. Direction Fort Myers !
Du rififi dans les Everglades : airboats, crocos… et moustiques !
Crocodile Dundee et son airboat
Ce matin-là, nous quittâmes un B&B fabuleux, spacieux, confortable, avec piscine, à Fort Myers, pour Miami. On packe tout, on déménage toutes les affaires dans la voiture. 3 heures de route, principalement en ligne droite, à travers le parc national des Everglades.
C’était convenu, nous ferions de l’airboat ! Aussi, nous trépignâmes d’impatience à la vue des premiers panneaux publicitaires pour les tours et dès le deuxième que nous croisâmes, nous ne pûmes ronger notre frein et décidâmes d’aller conter fleurette aux célèbres reptiles semblant descendre directement du jurassique.
On nous prête alors (ouais, j’arrête avec le passé simple, y’a quoi ?) des gilets de sauvetage, que nous enfilons évidemment, toujours entre deux piqûres de moustiques. Louise a aussi le sien, mais il est un petit peu grand. Aussi, une fois équipée, on dirait un petit tube tout raide, elle ne peut plus arquer, hahaha ! Mais elle semble plutôt bien le vivre et une fois embarqués et filant à tout berzingue à travers les marais, elle montrera une humeur aussi extatique que sur les manèges (c’est-à-dire façon Kristen Stewart). Je crois même qu’elle a somnolé, bercée par le brouhaha de l’airboat calfeutré par ses petits bouchons d’oreilles.
Chemin faisant, on verra 5 ou 6 gros crocos, certains faisant plus de 2 mètres de long (ce qui n’est pas forcément immense, mais c’était déjà impressionnant), suffisamment proches pour pouvoir être caressés depuis le bateau. Nous avions en même temps le commentaire du pilote, un vieux briscard né dans le bayou, dont la peau trahissait malheureusement le stade avancé d’une maladie incurable liée à sa consommation excessive de tabac. Au retour, dans la boutique, on fera les touristes de base en tenant dans nos mains nues un petit alligator plus ou moins apprivoisé, qui ouvrira la gueule après une petite chatouille de son propriétaire sur le haut du museau !
L’Erreur
Parfois, les voyages donnent lieu à des situations cocasses. Entre le dépaysement, la planification, la fatigue, et tout un tas de paramètres, on peut finir par faire n’importe quoi. Après le tour de manège, nous reprenons la route et arrivons vers 18h à Miami. Nous nous garons dans le driveway de notre nouveau B&B. Nos hôtes ne parlent « que » chinois, espagnol, et quelques bribes d’anglais. On les appelle, ils nous disent que le logement n’est pas libre. Et qu’ils nous attendent le lendemain soir. On se regarde, on comprend. On s’est… trompés de jour ! On restait normalement deux nuits à Fort Myers ! Du coup, on hésite entre payer un logement à Miami en dernière minute (pas donné) ou repartir à Fort Myers.
Alors, je prends mon courage à deux mains et nous voilà repartis vers Fort Myers, sachant qu’il faudra re-re-faire la route le lendemain… On quitte Miami avec le plein d’essence aux trois-quart, largement de quoi voir venir… ou pas. Après pas mal de bornes à bonne allure, la réserve commence à s’allumer. On voit un panneau indiquant une station-service, on quitte donc la route interstate pour s’y diriger. Une fois la sortie prise, un autre panneau indique que la station la plus proche se trouve en fait… à 29 miles ! OK. Ça va le faire. Ça nous éloigne, on perd du temps, on va arriver hyper tard, on est crevés, mais bon, tant pis, on n’a pas vraiment le choix.
L’happy-hour des Stanislas
On y arrive, la boutique de la station est fermée. Heureusement, les pompes sont en libre-service 24/24. Une grande mare d’eau stagne sur l’asphalte. Ici, c’est le territoire des moustiques, et ils sont vénères. Wrong neighborhood, bitches. Encagoulé dans mon hoodie, dans une tentative de n’exposer aucun centimètre carré de peau nue, je mets ma carte dans le terminal, ça me dit « transaction cancelled ». Je réessaie, idem. Je change de carte (j’ai une carte du boulot liée à mon compte perso, justement pour les voyages) : même topo. FFS!
Qu’à cela ne tienne. Rageur, je remonte en voiture en pestant contre ces moustiques dont tout un groupe terroriste en a profité pour s’introduire dans l’habitacle et se faire un happy hour à nos dépens. Je change de pompe. Je ressors. Rebelote. Le hoodie, la capuche, je cours, il fait moite, j’entends bourdonner partout, ça me démange déjà. Je mets ma carte, même problème. Il fait nuit. Une voiture arrive, un espoir ? J’ai un peu de cash et je vais tenter une négociation pour que les inconnus utilisent leur carte pour nous mettre un peu d’essence. Le gars accepte, gentil. Il commence par son plein, seems legit. Problème : ça ne marche pas. En fait, la monétique de la station entière est HS. Super.
Finalement, nous trouverons tous les deux une autre station 3 miles plus loin, dont la boutique, elle, ouverte, représentera notre salut. Les moustiques, quant à eux, sont toujours partout. Dehors ET dedans. Je fonce dans la station pour prépayer puis faire le plein, et j’y retourne ensuite pour trouver le repas du soir. En revenant, j’assiste à un fou rire des occupants de la voiture d’à côté devant le spectacle qui se joue dans la nôtre : une tueuse de moustiques armée de la lampe torche du téléphone dans une main et d’un journal dans l’autre, qui éclate un à un les 74 moustiques de l’habitacle en poussant des cris, telle une survivante suivant son instinct primal.
Miami
Le bord de plage
Impossible de passer à Miami sans aller se promener sur la plage, si célèbre, avec son sable fin et ses palmiers. On vit un peu dans le cliché, avec les jeunes adultes qui font du roller en short/bikini, le temps radieux, les températures élevées et l’air sec.
Les fresques murales
Notre petit livre-guide nous recommande d’aller voir du côté de Wynwood et de ses fresques urbaines, ce que nous ferons à pied sous un soleil de plomb, le tout dans l’ambiance des sirènes de police et du brouhaha digne d’une bande son des Experts… à Miami ! Elles sont toutes plus folles les unes que les autres, c’est un véritable ravissement, une pause contemplative.
Un déjeuner pas piqué des hannetons
Affamés par nos déambulations par 34°C à l’ombre, nous cherchons notre pitance le long de la plage de Miami. On trouve de petites gargotes qui ne nous tentent pas spécialement, puis on arrive finalement, après 20 ou 25 minutes de recherche, TripAdvisor à l’appui, devant un restaurant splendide, lumineux, bien décoré, au menu alléchant et aux tarifs très corrects. Ni une, ni deux, on s’y installe et on commande le déjeuner.
Puis, au détour d’un passage aux toilettes pour se laver les mains avant de rentrer dans le vif du sujet, on réalise qu’on est en fait dans le restaurant d’un hôtel. C’est vraiment luxueux, il y a un standing certain. Et pour cause : nous sommes en fait dans la cantine du Ritz-Carlton ! Heureusement pour nous, la tarif ne s’en ressentait pas. On finit le repas pendant que la météo tourne, c’est presque un avis de tempête, tout à coup ! Un vent à décorner les bœufs !
Key West
The sleepless city, ville de bohème
Key West est réputée pour un ensemble de raisons individuelles, des plus touristiques aux plus sulfureuses ; en premier lieu, la route qui y mène (qui consiste en un ensemble de segments au milieu des eaux cubaines). Ensuite, toute une liste à la Prévert : sa forte population de cervidés, ses plages paradisiaques, le Southernmost Point (point le plus au sud des Etats-Unis), la ville à la consommation d’alcool la plus élevée des USA, une ville où il fait beau et bon vivre, jeune, où l’on trouve aisément du travail et où des fêtes débridées ont lieu (notamment les célèbres Mardi Gras, dénudés en public et encadrés par les forces de l’ordre).
Les chats polydactyles d’Ernest
Toutefois, Key West compte un fait d’armes plus littéraire : celui d’avoir hébergé Ernest Hemingway durant toute une partie de sa vie. Il y a d’ailleurs écrit plusieurs grands romans, dont Le vieil homme et la mer. Sa maison est plutôt une grande demeure sise en un jardin colonial plus grand encore, avec un parc, un kiosque, et des chats par dizaines, Ernest donnant dans la démesure à bien des égards.
On raconte d’ailleurs que la majorité des chats qui vivaient là était le fruit d’un croisement de races ayant donné une variété nouvelle de chats dont les pattes comptent six orteils. Curieux, n’est-ce pas ? Ces chats s’appellent d’ailleurs des Hemingway cats, maintenant.
Sa maison est devenu un musée et on peut y visiter son atelier vraisemblablement dans l’état (ou l’un des états) dans lequel il se trouvait à l’époque où il était encore en activité. L’endroit est isolé, à l’étage d’une dépendance, distincte de la maison principale. Hemingway s’y retranchait parfois des jours entiers pour travailler. Les chats sont omniprésents, que ce soit dans les différentes pièces de la maison, sur les coursives ou dans le jardin.
Vidéo des vacances !
Parce que les photos ne rendent parfois pas justice aux ambiances, au rythme des évènements, au dynamisme des errances, je vous quitte sur une brève vidéo de ces vacances qui vous donnera un échantillon des trois semaines que l’on a vécues outre-Atlantique. Pensez à mettre un peu de son et à laisser votre commentaire ci-dessous si vous le souhaitez : ce sera ma récompense.
Merci à Laura, la maman de Louise, dont les photos illustrent une grande partie (environ la moitié) de cet article !