9 août 2022 • 16 min de lecture

Mon premier rallye routier moto ! (1ère partie)

Mon premier rallye routier moto ! (1ère partie)

Dans ta pratique de la moto, fais-tu ce que tu aimes ? Si oui, es-tu sûr que ce que tu veux (consciemment) est identique à/aligné avec ce que tu désires (inconsciemment) ?

Je m´explique : on sait souvent répondre plutôt facilement à la question "pourquoi fais-tu de la moto ?" ou encore "qu´est-ce qui te plaît dans la pratique de la moto ?", et on balance tout un tas de lieux communs, comme la sacrosainte liberté, le côté grisant de la vitesse, le côté pratique et utilitaire du véhicule qui se faufile, etc.

Mais on souffre parfois d´un désir plus profond, possiblement étouffé un peu, voire refoulé : l´appartenance au groupe, le dépassement de soi, la reconnaissance par ses pairs, l´ardent désir d´être le plus rapide, endurant, performant. Celui de parcourir les routes du monde, de poser ses roues au sommet routier de chaque col. Ou encore celui d´aller labourer les chemins publics le week-end. Le tien, c'est quoi ?

Les racines d'un rêve

Le mien était caché en plein jour, sous mes yeux. Il était né depuis tout gamin, 10 ans avant que l'idée de monter sur une moto n'effleure mon esprit. Et le plus drôle, c'est que je ne l'ai compris que tard, très tard : le jour du rallye, pendant l'épreuve.

J'ai compris en roulant, avec mon numéro, au milieu de toute cette diversité de concurrents cosmopolites et de machines atypiques arborant leurs propres numéros, que ce rêve de gosse était né avec mon amour pour une série de films pour enfants, et c'est quand la musique m'est naturellement venue en tête que j'ai relié les points. Ces films, ce sont ceux de la Coccinelle (en VO, Herbie), de vraies madeleines de Proust pour moi. Et pour être plus précis, c'est le deuxième opus qui m'a le plus marqué : La Coccinelle à Monte-Carlo (1977) !

Quand j'étais gosse, je m'imaginais, adulte, à la place des protagonistes, vivant cette aventure humaine et mécanique sans se prendre au sérieux, et ça me bottait vachement ! Je peux aujourd'hui dire que j'ai réalisé un de mes rêves, et ça fait quelque chose !

Maintenant que tu connais l'incipit de mon histoire avec le rallye, qui en réalité n'en est qu'à ses balbutiements (du moins, je l'espère), laisse-moi te partager mon petit compte-rendu de tout ça. On ne se rend pas forcément compte, mais c'est une petite démarche pour se lancer là-dedans ; il y a de l'administratif, de la mécanique, de la logistique, mais également de la gestion de stress, il faut l'avouer !

Engagez-vous, qu'ils disaient…

Depuis deux ou trois ans, avec les copains, on a évoqué à plusieurs reprises, de façon un peu abstraite et utopique, la création d'un team de rallye en toute humilité, pour le fun et la découverte. On en discutait, on arrivait vite sur les contraintes et prérequis, notamment financiers, et puis ça restait un doux rêve jusqu'à la fois d'après, quoi. Mais depuis ce début d'année, je ne sais pas trop quelle mouche m'a piqué, l'envie s'est faite plus pressante. Beaucoup plus pressante. C'est devenu une sorte de désir ardent de me lancer (avant de ne plus oser ? de m'encroûter ? marre de me trouver des prétextes/excuses ? je ne sais pas), et de me lancer vite.

Et puis, un jour de février ou mars, je ne sais plus, je tombe sur l'affiche de la FFM pour le Championnat de France des Rallyes Routiers (rien que ça !). Par curiosité, je commence à fouiner, à visiter le site officiel. La première épreuve de l'année, habituellement, c'est les Cévennes. C'est beau, mais c'est loin. Or, cette année, l'épreuve des Cévennes est annulée, et celle qui ouvre la saison, c'est le Rallye de la Sarthe. C'est marrant ça, la Sarthe. C'est à 1h de la maison. Allons voir le site du Rallye de la Sarthe. Ah, encore peu d'inscrits, l'orga appelle à s'engager. Visiblement c'est ouvert à tous, certains viennent très officiellement sans objectif de performances mais plutôt pour l'expérience, l'ambiance, les copains, l'aventure. Ça me plaît, et dans ma tête ça devient envisageable de façon réaliste.

Un peu dubitatif malgré tout, je regarde les frais d'inscription. Le bulletin d'adhésion est assez costaud, y'a pas mal de choix possibles, d'options, de catégories, etc. Après plusieurs lectures attentives et croisements d'informations, je finis par mieux comprendre de quoi qu'ça cause. Si je m'inscris pour 1 seul rallye, avec l'épreuve de jour + celle de nuit, cela revient à 250€ d'inscription. Il faut y ajouter une licence FFM pour un évènement (code LJA1) qui vaut 65€ si on l'achète en ligne. Et… c'est tout. 315€ en tout et pour tout, pour s'enrôler dans l'aventure ?! Bien sûr, cela reste une somme, mais dans ma tête, on parlait de 4.000 ou 5.000€ au bas mot. Là, ça devient carrément accessible. Mais du coup : ça fait peur !

Je préviens rapidement les copains, de façon officielle, un peu pour m'empêcher de me défiler une fois l'excitation un peu retombée ou une fois que j'eus pris conscience de la folie de mon geste. Et puis je m'inscris !

La montée progressive du stress

Je n'y connais rien. Bien sûr, comme tout le monde, j'ai bavé devant les vidéos du Moto Tour, du Dark Dog Tour, du Tourist Trophy, et me disant que tout ça, c'était un ramassis de gars mi-champions mi-cinglés, une autre espèce, en somme.

Avant tout, pour la licence, il faut passer un examen médical et récupérer un certificat qui indique la compatibilité de l'état de santé avec la pratique spécifique du sport motocyclique, notamment avec des résultats aux tests de visions conditionnés à des valeurs minimales. Impossible en téléconsultation, logique. Il faudra prendre rendez-vous au cabinet.

Ensuite, les roadbooks papier de rallye, en rouleaux, je découvre. Il faut s'équiper d'un lecteur de roadbook : soit l'acheter, soit le fabriquer/bricoler. Ceux tout fait sont introuvables ou coûtent plusieurs centaines d'euros. Il faut réussir à les fixer sur la moto. Ou alors, les fabriquer, avec un tupperware, du plexi, il faut des câbles, des LED, un interrupteur. Ca ne semble pas très simple. On reçoit les roadbooks 10 jours avant l'épreuve, pour éviter les reconnaissances abusives. Il faut imprimer tout ça chez soi, environ 15 pages par épreuve et il y a trois épreuves. Chaque page comporte deux colonnes d'instructions. Il faut les scinder, donc atelier maternelle de découpage. Puis il faut les scotcher bout à bout, dans le bon ordre évidemment, donc atelier maternelle de collage ! Enfin, une fois le dérouleur de roadbook prêt, il faut évidemment enrouler minutieusement ces longs roadbooks de sorte à ce qu'ils soient déroulables facilement et fluidement en roulant, avec les gants. Il ne faut toutefois pas que ce soit trop serré au risque de ne plus pouvoir les dérouler ! Et là, c'est l'arrêt forcé, et donc de précieuses secondes voire minutes de perdues.

Il faut aussi préparer la moto pour le rallye, mais également pour les vérifications techniques, la veille.

Il s'agit de la réviser :

  • état du kit chaîne : lubrification, points durs, tension
  • pneus en bon état et à la bonne pression
  • état des plaquettes de frein
  • état des disques de frein (pas rainurés)
  • purge des freins
  • état général du faisceau et du circuit de charge (vérifier l'état des câbles, épissures, gaines, etc.)

Mais aussi de l'équiper un peu :

  • feux longue portée recommandés pour l'épreuve de nuit (liaisons + 2 spéciales)
  • porte-plaques pour coller les numéros de course, dont la présence est obligatoire lors des vérifications techniques
  • possiblement des crash bars ?

Côté entretien, je prends les devants et fais faire une grosse révision à mon Hypermotard 1100 Evo, qui sera mon destrier pour cette folie : vidange, purges, filtres, changement des courroies. Réparation du contacteur de frein arrière qui était HS.

La moto doit être homologuée pour la route, car il y a des liaisons (c'est la majorité des épreuves) sur route ouverte. Il faut donc avoir des feux (avant, arrière, clignotants) fonctionnels et visibles.

Beaucoup de bruit pour rien

Il faut également, au sonomètre, être dans les clous. Une tolérance de +2dB par rapport à la valeur indiquée sur la carte grise est appliquée. Entre +2 et +5dB, c'est une pénalité de temps. Au-delà de +5dB, c'est l'élimination pure et simple : on ne prend pas le départ ! La mienne, de CG, indique dans le champ U.2 : 91dB.

Le truc, c'est que la moto est… hem… bruyante. Plutôt très bruyante : demi-ligne Zard Penta, suppression du catalyseur, reprogrammation de l'ECU, pas de chicanes. La moto est libre et ça s'entend. C'est grave, très grave, presque viscéral comme bruit, si tant est que cela signifie quelque chose. Ça vrombit, on ressent les basses fréquences dans le corps. Et les petits coups de gaz font de l'éclat sonore, avec une belle dynamique. Et comme si ça ne suffisait pas, c'est un embrayage à sec avec carter ajouré. Le bruit sourd du moteur et de la ligne se conjugue au clinquement assourdissant, aigu et si distinctif de cette gamme de Ducati. Ca promet. J'achète en urgence les deux petites chicanes mais elles ne me rassurent guère. Ça tombe bien, j'ai un plan B : lors de l'achat de la moto, j'ai récupéré les silencieux d'origine et le catalyseur. Ouf. Normalement. What could possibly go wrong?

Je change d'avis 4 fois par jour pendant environ une semaine avant de prendre (enfin !) une décision : la ligne Zard sera forcément trop bruyante et le planning ne me permet pas de la changer si elle ne passe pas le contrôle. Je dois par conséquent remettre l'origine absolument et profiter d'avoir encore un peu de temps pour m'y mettre. Je prends mon courage à deux mains (ouais hey tu m'as pas vu bricoler !), je mets la meule dans la véranda pour bosser au sec, sans insectes, etc., comme d'hab dans ces cas-là je me lance un podcast dans les écouteurs, style Chroniques Criminelles, une narration qui fait environ 1h par épisode, parfait pour se concentrer et avoir une ambiance en bossant, je prépare mes outils, les pièces, et c'est Darty mon Kiki !

Je démonte tout au fur et à mesure, les silencieux Zard sont bien emmanchés dans l'intermédiaire, sans collier. Avec la chaleur, le métal de l'un est venu épouser parfaitement le métal de l'autre et ils sont quasi inséparables. A force de jouer dessus en hauteur, tout doucement, ça finit par sortir. Obligé de tomber le support de plaque et une pièce qui fait la liaison entre ce support et le châssis sous la selle. Je remplace les pièces Zard par l'origine petit à petit mais stupeur : je me rends compte qu'il va me manquer une pièce : le support de plaque d'origine, nécessaire pour fixer un support des silencieux d'origine. Bref : ça ne monte pas. Retour à la case départ... on remet les Zard comme c'était. Afin que l'opération soit utile malgré tout, j'en profite pour tout nettoyer avant de remonter. Mais ça ne règle pas mon problème de niveau sonore. J'achète un sonomètre sur Amazon, conscient des limites de sa fiabilité.

La mesure au régime indiqué sur la carte grise (3750tr/min) donne 89/90dB ce qui est plutôt encourageant, à condition que ce soit fiable. Ma mesure est faite plus proche des silencieux que cela devrait normalement être mesuré, ce qui me garantit une petite marge favorable. Ça passe ou ça casse, de toute façon.

Vendredi 6 mai 2022 - Vérifications administratives et techniques

Quand arrive le vendredi, il me reste plusieurs choses à faire. Et c'est déjà la panique. Heureusement, un ami (que nous appellerons ensuite par son pseudo, TekiStone, souvent renommé affectueusement "TékiTékon") vient me prêter main forte et assurer la logistique. Une vraie équipe technique à lui tout seul !

11h00 : Teki arrive avec le boîtier du lecteur de roadbook qu'il m'a imprimé en 3D, d'après des plans publics soigneusement corrigés par ses soins pour les adapter à nos contraintes (notamment ma section de guidon, la place disponible, la nécessité de renforts pour parer à toute casse liée aux vibrations, la forme des molettes pour garantir une bonne préhension, etc.). De mon côté, j'ai acheté une plaque de plexiglass à découper à la scie pour venir faire office de vitre sur le boîtier. Les rouleaux sont imprimés et découpés, mais pas assemblés. Il faut les scotcher ensemble (de préférence dans le bon ordre...) et les enrouler pour en faciliter l'emport. On ne peut les installer qu'au dernier moment, le lecteur de roadbook étant relativement peu profond et les rouleaux prenant beaucoup de place pour chacune des étapes.

Je n'ai pas eu le temps de fabriquer des porte-plaques pour les numéros de course. En général on les fabrique en polystyrène, ou en mousse/plastique, et on accroche ça comme on peut avec des serflex. Là, c'est un peu chaud mais je n'ai : rien du tout.

Le lecteur de roadbook est arrivé façon IKEA. Teki l'assemble et met en place une petite bande LED pilotée par un interrupteur (et à relier à l'alimentation électrique de la moto), en prévision de l'étape de nuit ; eh oui, il a aussi toute une étape avec liaisons et spéciales de nuit ! C'était une option (facultative, donc) que j'ai décidé de prendre, dans l'idée de vivre l'expérience complète, authentique.

D'ailleurs, Teki a également ramené des phares additionnels longue portée à LED, que l'on va essayer d'installer avant les vérifs techniques. En attendant, il se bat avec de petites vis à installer.

De mon côté, je regroupe mes affaires : la licence FFM, le certificat médical, les papiers de la moto, mais aussi le kit anti-crevaison, de l'eau, quelques outils, de la visserie, du câble électrique, des connecteurs, de la gaine thermorétractable, et j'en passe. Un jerrican d'essence de 30L (vide), aussi, car je ne sais pas ce qui est prévu pour les ravitos. Et certains des CR que j'ai pu lire pour d'autres épreuves de rallye-routiers parlent de jerrican sur le paddock. Et moi qui m'imaginais partir au rallye la fleur au fusil, tout seul... heureusement que Teki était là !

12h30 : ma convocation à Grand-Lucé indique une heure précise, pour les vérifications administratives : 15h05. On a 1h10 de route devant nous. On n'a pas du tout fini et on a pas mangé. La voiture n'est pas encore chargée du matériel qu'on emporte. Le stress monte lentement mais sûrement. Je ne sais toujours pas si la moto passera le sonomètre et donc si je pourrai prendre le départ ou non...

13h45 : on a grignoté des Kinder Bueno et Maxi tout en bossant pour installer le max de trucs. Il nous reste surtout du raccordement faisceau à faire. Normalement, je ne suis pas tenu de me présenter aux vérifications techniques juste après les vérifications administratives : on compte sur cet intervalle de temps pour finir les quelques travaux avant l'examen et la sentence/sanction officielle.

14h10 : on charge tout en vitesse et on décolle car on est déjà un peu en retard. Je m'équipe et on décolle, lui en Tesla Model 3, moi sur ma sauterelle ! Et clairement, on enfile pas les perles ! ;-)

On arrive à Grand-Lucé à 15h pile, autant dire qu'on a un peu défié l'ETA de Waze. Ahem.

On repère relativement facilement notre destination : c'est là où les meules convergent ! On suit le mouvement et on arrive au pied d'une sorte de salle des fêtes avec des stands/tables improvisés et un paquet de motos garées tout autour, certaines arborant déjà leurs numéros de courses, d'autres encore en cours de bricolage. Je m'annonce au stand posé sur le parvis, on m'invite à entrer.

Organisation classique multifiles, j'attends mon tour. Quand c'est à moi, on vérifie le permis, l'assurance, le certificat d'immatriculation, ma licence FFM, le certificat médical, puis on me remet un dossier cartonné avec une fiche d'informations à remplir sur une table à côté.

Je fais mes devoirs et j'échange cette fiche dûment remplie contre mes autocollants porte-numéros et les chiffres autocollants, à positionner moi-même. On se retrouve donc en plein atelier maternelle de décollage/collage :D C'est aussi l'occasion de faire brièvement connaissance avec d'autres engagés bien sympathiques (bien qu'ils roulent en Triumph... personne n'est parfait !)

Et ici commence la session de gitanerie sur le parking attenant : plutôt que d'aller tout de suite aux vérifications techniques (homologation de la moto, contrôle sonomètre), on décide de temporiser un peu et d'aller finir nos bricolages restants : la pose des numéros de course, évidemment, mais aussi l'installation du lecteur de roadbook, et si nous le pouvons, des feux longue portée.

Mon équipe technique s'occupe de tout, heureusement pour moi ! On monte ça tant bien que mal, en essayant de faire relatiiiivement propre niveau câblage faisceau, bien que temporaire. On trouve de gentils fumeurs à qui emprunter un briquet pour rétracter les gaines thermo, on teste : tout fonctionne, on est bons.

En revanche, petit loupé sur les dimensions du lecteur de roadbooks (le modèle est ainsi) : très peu de profondeur entre les rouleaux et le fond de la boîte, si bien que le roadbook enroulé passe difficilement. Il faut forcer, au risque que ça ne déroule pas fluidement. Quant à la vitre en plexi, on peut oublier : ça ne passera jamais ! Pas le temps non plus de câbler la bande LED, tant pis ! Il fait beau, pas de souci pour garder un boîtier ouvert. On dira que c'est pour une économie de poids, haha. Quant à l'éclairage du roadbook... eh bien... on avisera !

Il est content, il a pas de porte-plaques, ça va être dégueulasse de fou. TOUT LE MONDE a ses porte-plaques, c'est canon. Et moi, évidemment, c'est gitan. M'enfin, c'est lisible : ça devrait passer !

Tout est en place, il est temps d'aller se faire ausculter. Enfin, la moto. Ca tombe bien, c'est sur le parking d'à côté, en contrebas, qu'ont lieu les vérifications techniques. On y va moteur éteint. Il fait 32°C et on est visiblement pas les seuls à avoir temporisé !

J'ai tout l'équipement sur moi, je cuis. Ou je fonds. En fait je suis liquide. Je finis par le retirer, un peu tard, et le poser, le récupérer quand on avance, le poser à nouveau, et ainsi de suite. C'est lent, mais l'ambiance est sympa malgré tout !

On assiste d'ailleurs à quelques scènes improbables, dont une avec un R1 sidecar. Je vous raconte ? Je vous raconte. Le mec arrive avec son R1 side bleu. L'autre s'approche avec sa perche et son micro pour prendre la mesure. Et là, un barouf du diable ! Tout le monde se retourne pour regarder... la mesure crève évidemment le plafond, et ça dure bien 45 secondes comme ça à réessayer sans changement (surprenant, haha). Jusqu'à ce que le proprio sorte de sa poche, comme au théâtre, une... chicane !
Tout le monde sourit un peu en coin, on a bien capté qu'il voulait son moment de gloire kéké, c'est réussi : toute l'attention est braquée sur lui. Il la positionne dans son silencieux mais il n'a pas la vis... Il prend un air assuré et feint que tout ira bien. Le protocole de mesure redémarre, le gars mets un gros coup de gaz, et la chicane prend son envol dans un bruit métallique distinctif qui déclenche pas mal d'éclats de rire...

Il ne passera pas le contrôle et ne prendra pas le départ. Moins drôle, tout de suite...

Les passages se succèdent, c'est enfin à nous. J'appréhende, je me dis que le sonomètre Amazon n'est certainement pas fiable et je prie (bien inutilement) pour que l'écart soit léger, ma carte grise indiquant, pour rappel, 91dB à 3750trs/min. Je démarre, et tous les regards se braquent désormais sur ma moto, à mon insu. Pas tant pour le bruit des Zard que pour le cliquetis si caractéristique de mon embrayage à sec. Je vois déjà les sourires incrédules s'esquisser, et tout ce décorum me rappelle à la sentence que je risque à mon tour. Mesure est faite, par deux fois. Verdict : 90dB ! Personne n'y croît, moi non plus, mais j'accepte avec soulagement cette valeur officielle ! La Dudu hérite d'un marquage au stylo-craie sur les silencieux, "90", en vue d'éventuels contrôles ultérieurs. J'avance, on vérifie l'ensemble de mon équipement, tout est OK, on en a fini. On récupère alors les balises émettrices pour les chronos (une balise pour la route, une balise pour l'épreuve circuit du Bugatti), qu'on installe respectivement sur les deux tubes de fourche.

On retourne garer la moto sur le petit parking à côté, et on fait la rencontre d'un autre participant, Jean-Baptiste, sur son SV650. Il a opté pour une Kindle Paperwhite en guise de liseuse de RB, c'est un choix éclairé (sans mauvais jeu de mots) ! Très sympa, on discute bien 20 minutes. Il a un gilet airbag connecté, sur batterie, dont il nous vante les mérites (il nous partage surtout son retour d'expérience positif). On ne concourra pas dans la même catégorie puisqu'il sera en Rallye 2 (<4 cylindres entre 500c et 949cc), mais ça n'empêchera pas de se croiser à plusieurs reprises le lendemain.

Il est temps de rentrer. Nous décidons finalement de laisser la moto sur place et de la cacher. Cela m'évite de faire le trajet aller-retour, que ce soit le soir-même à la nuit tombée ou le lendemain matin aux aurores. On part recharger la voiture et dîner pendant ce temps-là, avant de rentrer et de finir les derniers préparatifs : l'assemblage des panneaux découpés des roadbooks, bout à bout, les scotcher, puis les enrouler, et ce pour chacune des étapes.

On termine vers 1h30 du matin. Le réveil est programmé pour sonner à 4h. Ca va piquer.

A suivre...

Dans le prochain épisode, je vous parlerai pêle-mêle :

  • d'une panne de réveil ;
  • d'un Italien timbré qui jardine en spéciale ;
  • des assistances ;
  • des 4 tours sur le circuit légendaire du Bugatti, au Mans à 7h du mat' ;
  • d'un roadbook qui ne déroule plus en plein milieu d'étape ;
  • d'une chute bête et bénigne ;
  • d'une autre chute impressionnante, de nuit, qui aurait pu être fatale ;
  • d'une Tesla qui va à la station-service faire le plein d'essence ;
  • de l'orientation de nuit avec un lecteur de roadbook non rétroéclairé ;
  • ...et bien d'autres anecdotes encore !