Il était une fois... la Husqvarna Vitpilen 701

Admirez ces lignes pures, ce design audacieux... c'est le résultat d'un concept parti en production avec très peu de modifications, comme c'est trop peu souvent le cas. Waow ! Sa robe bleue colvert et blanche, ses jantes à rayons, sa boucle arrière sobre... de quoi tomber en pâmoison pour qui est sensible à cette esthétique.

Cette moto m'a toujours intrigué.
Par sa plastique d'abord, bien entendu : elle ne ressemble à aucune autre. Par sa mécanique ensuite : le plus gros monocylindre de la production de son époque, 693cc développant d'origine 75ch ! Une base de KTM 690 Duke R, encore améliorée : double arbre stabilisateur pour amoindrir les vibrations, des suspensions WP premium, un angle de châsse modifié pour + de sportivité, des freins Brembo jusqu'aux MC, et un niveau de finition élevé, plus que sa cousine autrichienne.


Exit RSV4, welcome Vit701

Alors que je roulais encore en BMW K1300R et que je lui cherchais une copine fun pour partager le garage, elle était shortlistée dans mon top 2, avec la Ducati Hypermotard 1100 evo, qui l'a emporté à ce moment-là, car je craignais de n'en avoir pas assez avec un mono et de finir frustré.

Je raconte aussi comment j'en suis venu au RSV4 après ce duo improbable.

Il était une fois... l’Aprilia RSV4
Le K1300R, moto ultime ? Presque, oui. Il lui manquait l’agilité, le fun, et le caractère moteur ; bien que très performante et efficace, quand le sourire arrive dans le casque, on est déjà éligible au retrait de permis. Et le 4 cylindres en ligne, conjugué au poids important de la machine,

Me séparer du RSV4 n'a pas été de gaité de cœur, loin s'en faut. Un projet immobilier initialement prévu plus tard s'est un peu précipité : le bien qui nous plaisait, les taux encore acceptables mais qui grimpaient en flèche à toute vitesse, il y avait une sorte de momentum ; il faut savoir prioriser les choses. Exit donc l'hypersport, il fallait réduire la voilure et retrouver raison, au moins temporairement.

Dans un budget plus contenu, c'est assez naturellement qu'en parcourant dans ma tête les motos qui pouvaient constituer un bon lot de consolation, le nom de la Vitpilen a rapidement refait surface.

Une fois le modèle en tête, a commencé le recueil d'infos au max... ou plutôt devrais-je dire : "a recommencé", comme je m'étais déjà renseigné à son sujet deux ans auparavant. Avant d'y aller, je veux connaître le modèle sur le bout des doigts : ses spécificités, les rappels, les problèmes connus, les tests presse, les tests dans les blogs, les forums et groupes FB spécialisés, les mods possibles, etc.

Parmi toute la littérature et les média sur le sujet, il existe une vidéo en particulier qui a fini de me convaincre que j'allais y aller avec cette Vitpilen 701 : la pépite de chez F9 (FortNine) !


La philosophie de la bécane

L'idée chez Husqvarna, c'était de prendre un moteur fun habituellement utilisé pour faire l'andouille (supermot') et de le rendre un brin plus pointu pour le mettre dans un châssis un brin plus sportif. Et autour de ça, aller à l'essentiel, s'affranchir du superflu. Une moto simple pour une expérience "pure", sans distraction. Très fine, agile, légère, avec un mono volontaire : le projet est proche d'un café racer.

On parle, avec 2 ou 3 modifs légères, de 150kg TPF pour 87ch (après remap) : on est pas mal du tout !


La vie à bord, en daily

Soyons sérieux deux minutes, ce n'est pas celle que vous envisageriez pour faire la RGA en une semaine. Rien n'est pensé pour le confort : ni la selle, ni l'absence totale de protection au vent, ni les petites vibrations (malgré tout), ni la capacité d'emport (LOL !).

Pour l'autonomie pas spécialement non plus d'ailleurs, avec son tout petit réservoir de 12L (13L sur les premiers modèles, mais rappel réservoir car il pouvait fuir, et la version corrigée étant plus épaisse, sa capacité diminue d'1L). Heureusement, la conso moyenne en roulant normalement est à 5L/100, ce qui permet de faire 200km avant de chercher la prochaine station-service : plutôt honnête, en fin de compte.

En adoptant une position sportive, les arêtes de la selle pilote se font moins saillantes et permettent de mieux vivre les longs trajets.

Sur la route, c'est un plaisir différent, surtout lorsqu'on arrive d'une sportive superlative. Oubliez les pointes de vitesses, la puissance infinie, la débauche d'assistances électroniques. La Vitpilen nous propose autre chose : un pilote, sur une machine. Le bling-bling brille par son absence et cela ne lui confère que plus d'éclat : c'est une petite lame affûtée, mue par un moulin volontaire malgré son cubage contenu.

Le plaisir à bord consiste à piloter tranquillement, profiter de sa partie cycle irréprochable et de son agilité hors pair pour oublier de décélérer dans les courbes, et compenser l'absence de pic par l'absence de creux ; cela lui permet d'aller chercher de jolies vitesses moyennes sur les départementales viroleuses, sans effort, sans suée. On pilote juste, on pilote bien, et on en garde le sentiment du devoir accompli : chaque trajet devient un moment un peu hors du temps, plus ou moins symbiotique.

On pourrait croire que j'en fais des caisses, mais pas vraiment : la moto se fait oublier, son (pas si) petit monocylindre offre une bande son bien agréable, en rythme de croisière, qui ajoute au plaisir global... et une fois arrivé, on ne pense qu'à repartir pour encore vivre ces petits trajets harmonieux, si tant est que l'on aura su éviter les axes autoroutiers qui viendraient alors balayer, d'un revers de main, tous les compliments qu'on lui aurait accordés jusque-là !


Yet another neck-turner

On la croise peu, son coloris est superbe, ses lignes inhabituelles et très épurées : c'est une moto qui démarre facilement des conversations avec des passants, des inconnus à la pompe, en ville, etc. Elle est intrigante et atypique, et même les gens pas fans de moto peuvent apprécier l'esthétique de l'objet.

Et sans la voir, son gros mono volontaire soufflant une mélopée rauque lorsque sollicité est certainement ce qui capte l'attention en premier lieu, sans être désagréable/agressif (comme pouvait l'être l'Hypermot' 1100).


Les mods

De base, la moto est un peu dépouillée, c'est le but. Et comme si elle n'était pas assez légère, quelques petites modifications ont été apportées pour améliorer encore l'expérience de pilotage et le ratio poids/puissance :

Le compteur malheureusement non étanche a pris l'humidité et est devenu inutilisable, me forçant à remettre le compteur d'origine, bien moins fun mais mieux conçu.


Qu'est-ce qui lui manque, finalement ?

Ce qui a déclenché la mise en vente, dans mon cas, c'est principalement les 3 points suivants :

  1. Impossible (ou presque) de faire du duo. Ma grande fille a exprimé l'envie d'être passagère, de découvrir, et clairement si je voulais la dégoûter, c'était la bonne moto ! 😄
  2. Aucune protection au vent, je le savais en achetant, mais je me suis retrouvé à devoir faire quelques allers-retours au boulot avec, ça représentait environ 240km au total avec pas mal de nationale 2x2 voies + des portions d'autoroute, et ça n'est évidemment pas sa tasse de thé ni celle du pilote dans ces conditions...
  3. Enfin, même si parfois less is more, et que j'ai aimé ce retour à la simplicité ainsi que la beauté de l'objet, l'envie de grosse puissance a fini par se faire ressentir. Peut-être la transition était-elle trop radicale (passer d'un V4 de 222ch à un mono de 87ch) ? Possible. En tout cas, j'ai réalisé que j'avais envie dans mon garage d'une moto capable de m'intimider un peu, avec des gros watts en réserve, prêts à se mobiliser au premier appel ; pas vraiment le bon casting ici.

J'ai assez longuement hésité sur le nouveau garage qui allait remplacer cette jolie moto : un daily + une moto fun ? Pourquoi pas...

  • Par exemple : une Moto-Guzzi V85TT Travel et son incroyable sonorité de Spitfire à froid + un Tuono V4 2021 ? Mais ne risquai-je pas de m'ennuyer sur la V85, de manquer de patate ? Et puis je n'aime pas les trails ! Et de comparer le Tuono au RSV à chaque sortie, comme une régression ?
  • Sinon, à la place du Tuono, une Buell 1125R unique et préparée ? 🤔Mais était-elle fiable ? Fun ? Allait-elle passer le CT ? Son tarif était un peu haut placé, et les finitions un peu douteuses... next !
  • Fallait-il repartir sur une seule moto un peu polyvalente, pour éviter la frustration de la moto qu'on a laissé au garage et limiter les dépenses en assurance et entretien ?

Le nouveau cahier des charges était proche de celui du K1300R, mais sans renoncer au fun ! Et je voulais une moto avec un régulateur de vitesse et un TFT.
J'ai mis presque un mois à me décider, en parallèle de la mise en vente. Cette petite Vitpilen est partie un jour de mars 2024, finalement remplacée début avril par...

...ce qui fera l'objet d'un prochain article ! 😁✌️