30 novembre 2022 • 29 min de lecture

Mon premier rallye routier moto ! (2ème partie)

Mon premier rallye routier moto ! (2ème partie)

Si vous vous souvenez de la fin de la première partie de ce CR, je vous avais promis de vous raconter, pêle-mêle :

  • une panne de réveil ;
  • un Italien timbré qui jardine en spéciale ;
  • les assistances ;
  • les 4 tours sur le circuit légendaire du Bugatti, au Mans à 7h du mat' ;
  • le roadbook qui ne déroule plus en plein milieu d'étape ;
  • une chute bête et bénigne ;
  • une autre chute impressionnante, de nuit, qui aurait pu être fatale ;
  • une Tesla qui va à la station-service faire le plein d'essence ;
  • l'orientation de nuit avec un lecteur de roadbook non rétroéclairé ;
  • ...et bien d'autres anecdotes encore !

Qu'à cela ne tienne, chose promise, chose due ; cochon qui s'en dédit !

Samedi 7 mai 2022 - 64ème Rallye de la Sarthe

Après une "généreuse" nuit de sommeil d'environ 3h30, je ne peux même pas vous dire qu'on s'est préparés dès potron-minet : les chats ronquaient encore fort. Teki dort au rez-de-chaussée, nous sommes convenus de nous réveiller à 4h30 pour déjeuner, se préparer, finir de charger ce dont on a besoin dans la voiture, et décoller à 5h30. Nous avons 1h20 de route selon le GPS, et je dois être en pré-grille sur place à 7h12 pour un départ grille à 7h22 ! Tout ceci, sachant qu'il faut qu'on aille récupérer la moto avant... Bref, le planning est déjà un peu tendax.

Je sens du mouvement dans le lit, Madame se lève pour aller au petit coin. Je ne dors que d'une oreille, alors ça suffit à me réveiller un peu. Je contrôle l'heure sur mon téléphone : 5h20 ! BORDEL ! Je n'entends pas de bruit dans la maison... Teki dort toujours ? Punaise ça va être CHAUD ! On a un bébé de moins d'un an dans le lit, je ne peux pas quitter le lit avant le retour de Madame. Le stress monte d'un coup, j'envisage chaque seconde comme décisive. J'essaie de faire le calcul, malgré mes neurones embrumés, pour déterminer si je vais pouvoir courir ou si je vais être éliminé car en retard. RHAAAAA !

Madame revient : "bah t'es pas en retard ?"
Moi : "BAH SI ! C'EST LA MER NOIRE, ALLEZ SALUT !"
Je descends les escaliers 4 à 4, à pas de velours (oui, c'est normalement antinomique mais la présence d'un bébé à ne pas réveiller permet de développer des aptitudes insoupçonnées). La chambre de Teki est dans un noir complet. Punaise... je toque (idem, équilibre entre être audible pour Teki mais pas pour le bébé, pratique !), rien. Encore : toujours rien. OK tant pis pour la bienséance, on a pas le temps, c'est maintenant ou jamais. Je rentre.
Personne ! Bah, il est où ce con ?! Je file vers la salle à manger et la véranda, où on a déporté la machine à café pour ne pas faire de bruit de perco. Teki est bien réveillé, debout depuis l'heure convenue, lui. Habillé, prêt à partir. OUF ! J'enfile ma combarde comme un petit gros qui tomberait sur un paquet de Twix (oui bah ça va, je le fais aussi, jsuis enrobé, j'ai le droit de dire ça les wokistes), je zippe tout ça tant bien que mal, les bottes, j'essaie de ne rien oublier. On doit partir ya 20 minutes, tout va bien. J'embarque les rouleaux des RB (NDL'A : RoadBooks), quelques outils, des gants de spare, mes tours de cou. Teki m'ouvre le coffre de la Tesla et ramène aussi des affaires : d'autres outils, le jerrican, etc. On s'installe comme si on avait volé la caisse, et on part (toujours comme si on avait volé la caisse. Eh ouais mon gars !).

Voici la vidéo exclusive du trajet en voiture avec deux débiles en retard dans une caisse électrique qui envoie du sale (au sens figuré, du coup) :

On arrive étonnamment vivants, et à l'heure. L'ETA (NDL'A : Estimated Time of Arrival) initial à 7h15 s'est transformé en une arrivée à 7h01. Ca pèle sec, on file récupérer la sauterelle, je finis de m'équiper et de me préparer psychologiquement, la clé dans le neiman, ça démarre dans le fracas habituel et je m'en vais contribuer à réveiller le Grand Lucé avec mes compères.

1ère Étape : l'étape de jour

4 tours sur le légendaire circuit Bugatti du Mans

On se retrouve à tourner un peu dans l'enceinte du Bugatti, car oui, c'est aussi une épreuve d'orientation d'arriver au départ de la course, haha. On finit par tous s'entasser dans une sorte de gros sas, et puis à partir de là, ça se décante et les catégories se regroupent. On passe au CH (NDL'A : Contrôle Horaire, pour rappel) avec le petit carton, et puis on est lâchés comme des fauves dans l'arène pour aller se placer sur la grille tranquillement.

Hasard ou non, je pars dernier de ma catégorie. Je suis au fond du fond de la grille. On entend tous les moteurs vrombir, monter dans les tours, ça sent le Sans Plomb d'homme viril plein d'insécurités. Là encore, sans rien faire, j'arrive à me faire remarquer : un bruit se détache significativement du brouhaha ambient, c'est évidemment mon embrayage à sec ! CLING CLING CLING CLING CLING CLING CLING hahaha !

Les feux s'allument un à un, puis, c'est le rituel, les 5 s'éteignent à l'unisson et là, c'est la bérézina. Tout le monde envoie au max. Ce qui, dans mon cas n'est pas beaucoup, avec mes 95 petits chevaux. Une fois la moto bien chaude et les pneus aussi, j'essaie de piloter un peu à l'attaque (je suis un poireau) mais mes Continental TKC 70 semblent crier "WTF dude!" en même temps qu'ils virgulent en sortie de virage à la remise des gaz. Ca tempère mes ardeurs, mais ça m'empêche pas de bien m'amuser, et les 4 tours passent bien trop vite. Evidemment, je n'aurai rattrapé personne, le peloton a disparu de mon champ de vision au 5ème virage et je ne l'ai presque plus revu.

Les 4 tours s'achèvent et on vient s'agglutiner dans une zone prévue à cet effet, avec un gros entonnoir matérialisé par un couloir. Je m'y retrouve, aux avant-postes, et mes voisins portent des numéros allant de 1 à 15. Je crois que je ne suis pas tout à fait là où je suis censé être. En fait, à côté, c'est entre autres les petits gars de la Toniutti Academy !

Julien est là lui aussi, juste à côté, il félicite ses poulains et ça débriefe entre graines de champions. On attend bien une demi-heure comme ça, c'est un peu gênant quand on est pas à sa place, mais je ne peux ni avancer (c'est le contrôle horaire, devant, et on attend que toutes les catégories aient fini leur tour de manège) ni reculer car derrière et à côté, c'est un peu le périphérique sud à 17h30 un jeudi de grève des transports, m'voyez. Ya UN PEU de monde, tous collés-serrés.

On finit par ressortir au compte-gouttes, récupérer nos cartons enrichis de nos temps sur la piste. S'ensuit immédiatement un petit moment d'assistance : 15mn seulement ! De quoi boire un coup, aller au petit coin, installer le RB ou essayer. Teki vient justement d'arriver et de se garer à côté. Il est allé chercher de quoi fixer le RB dans le lecteur, de l'eau, des gâteaux, de l'essence (oui oui, le seul gars en Tesla qui passe à la pompe 🤣 les gens le regardaient comme s'il était débile, apparemment, haha !). Un vrai Racing Team à lui tout seul, le gars. Il prend son rôle grave à cœur et c'est une aide inestimable. Ca me donne l'illusion d'être un coureur compétent haha, qui mérite un accompagnement technique / mécanique / logistique. C'est assez marrant à vivre, et clairement, ce que je prenais pour du confort était en réalité indispensable !

OK, le RB est installé mais on a une galère… le rouleau papier du RB est trop épais pour le lecteur et ça touche les bords, donc ça ne déroule pas. On tranche, c'est le cas de le dire : littéralement, on tranche le début du RB, c'est-à-dire la liaison entre le Bugatti et un point de regroupement. Ca passe, de justesse, avec ce délestage de papier. Teki m'a remis de l'essence, je me suis hydraté, il est l'heure ! Je me débrouille pour synchroniser mon départ avec celui d'un autre, sinon je suis perdu.

Liaison entre le circuit du Bugatti et Le Mans Moto

Un gars part, je lui emboîte la roue (façon de parler, sinon c'est pas très cool) et me laisse un peu guider comme ça.
Problème n°1 : il fait partie d'un petit groupe de 4 et il attend ses potes. Je fais mine, comme dans la filature ratée d'un mauvais film policier, de devoir régler un truc sur mon roadbook, je tripatouille, hem hem. Ses potes arrivent, il repart, je les suis.  
Problème n°2 : ce groupe est parti un peu en avance. Moi, je suis très juste. Du coup, ils visitent un peu la campagne, tranquillou. Et moi, il faudrait que je mette un peu la gomme pour pas prendre de retard au contrôle horaire… mais je dépends d'eux, donc je m'adapte. On roule, on roule, je fixe mon horloge avec désespoir. On approche du point de RDV et je reconnais le magasin dont on nous a parlé le matin même : LeMansMoto / MotoAxxe Le Mans. Là, 'faut que j'y aille ! Je les double comme un cochon pour arriver plus vite au CH. J'y arrive, avec 5 secondes de retard sur mon chrono (donc 30s : c'est un forfait, c'est par tranche entamée, comme vos dépassements de communications téléphoniques en 1997, ouais). Dommage ! Mais mieux que de se perdre, donc je relativise.

C'est la pause. Je n'avais pas compris tout de suite, mais en réalité on a 1h15 ou 1h20 d'attente environ, le temps que tout le monde recolle. En attendant, y'a un petit-déj offert, du café, du jus d'orange, et un magasin de moto à côté. J'en profite pour acheter de quoi nettoyer ma visière : spray et éponge microfibre, c'est pas du luxe. Teki est parti charger un peu la voiture, il me rejoindra au bout d'une heure environ. En attendant, ça me permet de discuter un peu avec les gens, regarder les machines concurrentes, échanger les expériences et appréhensions, etc.

Les étapes du rallye : liaisons, spéciales, assistance et CH

Cette petite mise en jambe effectuée, et les forces reprises, il est presque 11 heures, il va être temps d'attaquer la journée ! Tout le monde rejoint sa moto, se rééquipe, et se prépare à repartir. Pour rappel, voici le planning du WE, avec un focus sur les étapes (liaisons et ES (NDL'A : "Epreuves Spéciales", c'est le nom officiel)) :

Là, honnêtement, ça fait des semaines que je réfléchis à la façon dont je peux vous retranscrire ce qu'on ressent, ce qu'on vit, au moins en tant que novice qui découvre, et n'ayant pas filmé en embarqué, je trouve l'exercice assez difficile. Comment rendre justice à la vibration, à l'émotion, à l'adrénaline que m'a apporté cette expérience ? J'ignore de le savoir. Mais ce que je n'ignore pas de le savoir, c'est que ça m'a empli de bonheur, d'excitation, de jubilation, mêlées d'appréhension, de doutes, de bonne fatigue.

Je vais essayer quand même. Déjà, j'imagine que tout le monde n'est pas forcément familier du déroulement d'une boucle de rallye routier. On peut peut-être commencer par expliquer un peu plus concrètement de quoi on parle.

Pour rappel, un Contrôle Horaire, c'est un peu un checkpoint. C'est là qu'on va relever l'heure de passage et l'inscrire sur une carte en carton, avec sticker et signature, et enregistrement en parallèle dans le système d'information de la FFM. La règle est la suivante : vous devez tenir 60km/h de moyenne. Si votre étape fait 30km, vous devez donc mettre 30mn à la parcourir. Pas 28, pas 29, pas 31. 30. à 30 secondes près. Par exemple, si vous démarrez à 10h03mn, il faudra arriver au CH suivant entre 10h33mn00s et 10h33mn29s. Sinon, vous aurez une pénalité. idem si vous êtes en avance. Plus le retard ou l'avance est important, plus grande est la pénalité. Les pénalités sont de précieuses secondes ajoutées à la fin, qui viennent grever votre score final.

Une boucle de rallye routier se compose, dans l'ordre :

  • d'un départ au CH
  • d'une liaison jusqu'à la spéciale 1 et de son CH de départ
  • de la spéciale A (Bessé-sur-Braye) et de son CH d'arrivée
  • d'une courte liaison jusqu'à la spéciale 2 et son CH de départ
  • de la spéciale B (Lhomme) et de son CH d'arrivée
  • puis de la liaison jusqu'à l'arrivée (proche du départ) et évidemment d'un CH final
  • enfin, d'un temps d'assistance (pour boire un coup, grignoter un truc, éventuellement réparer/régler vite fait la moto, graisser une chaîne, nettoyer une visière, changer le RB, etc.)
  • et il faut ajouter là-dedans des checkpoints secrets/surprise, où on se fait poinçonner/signer le carton, pour prouver qu'on a bien suivi la trace et pas tenté de tricher en coupant 😄

Ca peut ne pas paraître grand chose, mais… le matin, c'est 170km, l'après-midi c'est 175km, et le soir/nuit c'est 175km, mine de rien. Il faut garder le rythme, être endurant. Durant les liaisons, ça "va" car on est censés respecter les limitations de vitesse (LOL, pardon). La Vmoy (NDL'A : vitesse moyenne) attendue est de 60km/h ce qui est relativement peu, sans trop badiner quand même (ça inclut tout : les stops, les zones 30km/h, les zones en ville, etc. donc faut bien compenser hors agglo). En spéciale, en revanche, c'est "chacun pour soi et Dieu pour tous", et on donne tout au max, sans limite. Et là, y'a de vrais fadas, au point de se demander ce qu'on fout là… il y a une différence nette entre arsouiller un peu fort sur route, et les mecs style Moto Tour / Dark Dog Tour qui jardinent comme des malades, glissent, hoquètent, virgulent, cabrent, repartent comme des diables… mais quel spectacle !

Oui et donc, en spéciale, le principe c'est qu'on passe un par un, avec des départs toutes les 30 secondes. Il y a donc une file indienne des prêts à partir, un sas avec un chrono et un commissaire qui te met un drapeau devant pour te "retenir" et te tape sur l'épaule quand c'est le GO. Et on voit donc son tour approcher, un départ à la fois. La tension monte, c'est une sensation incroyable. Et d'ajoute à ça l'ensemble des sens… il fait chaud sous le cuir, on a notre fatigue qui s'accumule au long de la journée, la concentration extrême, l'envie de performer, les odeurs des machines, de gomme chaude, de SP98, et le bruit de tous les mecs qui partent au launch control… ça grimpe à 10.000tr/min pendant plusieurs secondes, ça maintient, et quand c'est le GO, la moto part comme un boulet de canon, dans un fracas spectaculaire, souvent avec le châssis qui bouge sous l'effet du couple, la moto qui déleste voire se lève, l'arrière qui dégrip et regrip, etc. C'est un délire, vraiment. Et puis c'est votre tour !

Ce que j'aurai appris, ou pu vérifier, expérimenter, c'est la fougue du bicylindre en L de l'Hypermotard. Le châssis est rigide, la moto est légère, la moto est brutale. Et quand tu es en spéciale et que tu dois essayer d'être efficace, eh bien ce n'est pas une sinécure. Quand tu es dans le sas, toi aussi tu t'apprêtes à mettre du gros gaz. On te tape sur l'épaule, là t'envoies la sauce mais la moto se lève, donc la puissance ne passe plus comme il faudrait au sol, donc tu coupes, tu reposes l'avant, tu remets gaz, ça se remet à bouger tellement ça en veut… donc il faut microdoser, et microdoser un L2 de 1100cc de 2010, c'est pas microdoser un hypersport en ride-by-wire, quoi, c'est loin d'être facile, sachant que c'est pas souple pour un sou ! Fun : 12/10. Efficacité pour être performant/précis : peut mieux faire, je trouve. Mais ça fait partie du charme !

Pour chacune des deux spéciales, le premier passage de la journée est une reconnaissance, car on va y passer pleine bourre ensuite, alors on nous laisse dans une grande mansuétude, l'opportunité d'étudier et de mémoriser comme on peut le trajet entre les bottes de foin, le public, le balisage, mais aussi les dévers, les nids de poule, les compressions, les graviers, etc. On essaie de tout repérer et retenir, mais c'est pas évident. Il y a 3 à 4 km à mémoriser par spéciale. Et la prochaine fois qu'on y met les roues, c'est à fond. Et puis la reco se fait déjà à moto et à rythme soutenu, c'est pas une promenade de santé et encore moins à pied comme parfois sur piste.

Super Luigi

Mon baptême de la reconnaissance de spéciale restera marqué par ce personnage tout droit sorti d'une BD de Christian Debarre (2BAR / Joe Bar Team), Luigi, un Italien (venant d'Italie pour le Rallye) retraité sur son ZZR1400, n'ayant plus rien à prouver mais visiblement n'ayant rien à perdre non plus, à en juger par son style de pilotage extrême !
Vous vous souvenez que les départs ont lieu toutes les 30 secondes ? Il était derrière moi dans la file, il portait le numéro #427, je m'en souviendrai toute ma vie. Bref. Romain #422 (Ducati Hypermot' 1100evo comme moi) et Matthieu #424 (Ducati Streetfighter V2) partent devant moi, c'étaient deux gars avec lesquels je roulais souvent puisqu'on partait à la file/file au départ des boucles et une fois le rythme lissé par un stop, on avait un rythme similaire. La spéciale, donc. Je pars, je découvre le bail, le tracé n'est pas simple, j'essaie à la fois de rouler fort et de mémoriser, le public autour applaudit, crie, encourage, c'est très grisant. Bref, je fais de mon mieux, et vers le milieu de l'épreuve, j'entends un klaxon. Improbable ! Je regarde mes rétros, je ne vois rien... bizarre... je lève les yeux et... je vous le donne en mille : l'Italien était à côté de moi, en train de me passer à tout berzingue !
Le gars a avoiné tellement fort en me doublant qu'il a raté le droit à 90° qui suivait, il a sauté un talus d'herbe, je l'ai vu disparaître, comme dans un dessin animé comique ou une BD du Joe Bar Team quoi, vraiment. Ca m'a décontenancé, j'étais presque catastrophé pour lui, avant de le voir ressurgir des hautes herbes, pas désarçonné, et récupérer la route, toujours devant moi malgré ce jardinage improvisé, le pneu arrière dansant la gigue le temps d'éliminer la terre et le gras de l'herbe. Incroyab' !

Pour vous donner une idée, voici une vidéo embarquée d'un autre pilote, le même jour, sur la spéciale A, celle de Bessé-sur-Braye :

Bref, heureusement, il y a les liaisons pour se reposer entre les spéciales, et comme on a pas tous de quoi calculer précisément si on va au bon rythme ou si on est à la traîne par rapport à notre CH, en liaison on fait pas spécialement la cueillette des champipi non plus, quoi. Et, par voie de fait, on se retrouve agglutinés à 50m du CH, quand on est trop en avance, car, je le rappelle, l'avance est aussi pénalisée que les retards. Du coup, on calcule vite fait notre fenêtre de passage et on fait en sorte de se présenter au CH au bon moment. Et parfois, quand on arrive avec 8/10mn d'avance, bon ben ça fait une pause dûment méritée.

Et, ouais, je n'ai pas fini ma petite explication, je termine donc rapidement. La boucle, là (départ + liaison 1 + spéciale 1 + liaison 2 + spéciale 2 + liaison jusqu'à l'arrivée), ben tu la fais 5 fois dans la journée ! Une fois en reconnaissance, deux fois de jour, et deux fois… de nuit ! Et mon pote, c'est pas la même limonade.
Autant le premier tour de nuit, c'est encore un peu le crépuscule donc ça ajoute un côté limite romantique à la démarche, autant le deuxième passage c'est la nuit noire ! S'ajoute alors une nouvelle difficulté (c'était pas assez compliqué comme ça) : les virages à l'aveugle & les surprises de dernière seconde (oh une nappe de graviers après le virage), etc.

Voilà pour le topo général. En soi, je n'ai pas grand chose à raconter sur les épreuves en elles-mêmes, à part que c'est super chouette de voir autant de monde fédéré pour l'évènement, les passants qui t'encouragent, les gens depuis leurs maisons, par la fenêtre, qui te font coucou, les enfants/ados sur les bords de route qui te font signe et te saluent aussi, sans parler des mordus en spéciale, postés aux endroits stratégique, comme dans tout rallye. Quand on passe au CH de départ des étapes (1 étape de jour, une étape de nuit, je rappelle), il y a un présentateur avec un micro et des enceintes, qui présente rapidement chaque participant, sa moto, d'où il vient, son palmarès s'il en est un… enfin voilà, ça fout la chair de poule, on a l'impression (et c'est un peu le cas) d'un moment privilégié avec meilleur que soi, et en même temps on est là, on relève le défi, on vit les mêmes difficultés et plaisirs que les autres engagés.

Lors des assistances, Teki s'applique à me remplacer les roadbooks dans le lecteur. Ca peut sembler simple, mais au final ça ne l'est pas vraiment : il faut dérouler tout l'ancien RB, déscotcher l'amorce papier, puis dérouler tout le nouveau RB, scotcher méticuleusement l'amorce papier, puis enrouler tout le rouleau proprement, droit, pas de travers, avec une tension régulière, assez élevée pour pouvoir passer tout le rouleau mais pas trop pour ne pas tordre les axes ni bloquer leur rotation. Et il faut faire ça rapidement !

Au final, je m'en tire bien, ce n'est que lors de la première liaison de la troisième boucle que le seul couac de RB surviendra : ça ne déroule plus ! Un côté semble tendu, la rotation des axes tord les axes mais le papier passe mal. Je trifouille le lecteur en roulant (comme d'hab' !), c'est vrai que je n'en ai pas parlé mais ça aussi c'est compliqué en liaison : on roule en devant dérouler manuellement le RB, c'est pas naturel et pas forcément facile. Mais bref, j'ai dû m'arrêter sur le bas côté, ôter mes gants, et essayer tant bien que mal de recaler le papier et de retrouver où j'en étais car j'avais continué à rouler, comme je reconnaissais partiellement la trace, mais en déroulant/réajustant le RB, évidemment, sa progression avait bougé et il a fallu m'y retrouver. Au final, ça m'a coûté 2mn, c'est très raisonnable, et ça a été le seul petit pépin logistique !

Une chute bête et bénigne

Bon, il faut quand même que je vous raconte. Il y a eu un autre pépin, pas logistique, lui.
Lors du dernier passage de l'étape 1, donc la 3ème boucle, si vous avez bien suivi, je commençais à en avoir plein les pattes. On s'était couchés à 1h45 environ (on avait stoppé de bosser à 1h30), on s'était levé alors qu'il faisait encore nuit, pour prendre la route, puis j'avais attaqué direct la journée. Vers 16h30/45, je commençais à bien accuser le coup. Et surtout, lors de l'assistance de 15h, j'ai oublié de nettoyer ma visière. Ca paraît anodin, mais ça ne l'est pas. On est début mai, c'est le printemps, on est dans la campagne mancelle. Il fait beau, doux. On roule pas mal, et vite. Parfois proche d'autres. Il y a les insectes, la poussière, les projections de terre/herbe, que sais-je. Et je me fais donc la troisième et dernière boucle de la première étape avec ma visière déjà salie par le parcours de la deuxième boucle. Je suis crevé, je vois pas super bien. Mais ça va à peu près. Et puis, dans la deuxième spéciale, la spéciale B, dite "Lhomme" (c'est son nom, puisqu'elle a lieu au niveau du bled éponyme), j'essaie quand même de mobiliser mes forces pour faire un chrono décent (à mon niveau). Pour bien voir, j'en suis à dodeliner un peu de la tête pour naviguer entre les saletés sur la visière, de sorte à reconstruire avec plusieurs vues partielles une vue à peu près globale, vous voyez le genre ? Pas ouf quand on roule à tombeaux ouverts sur un tracé qu'on connaît pas non plus super bien.
Evidemment, ce qui devait arriver arriva : j'arrive trop fort sur un gauche en descente, je prends les freins trop tard car je visualise mal les distances. Je comprends tout de suite que ça ne va pas le faire. Je regarde devant : un petit fossé d'herbe avec un talus juste derrière. Je tire tout droit, la moto plonge (pas trop vite/fort) la roue la première dans le fossé, tape de face le talus, rebondit légèrement en arrière.

Ce n'est pas ma vidéo mais celle d'un autre coureur, le même jour. Vous pouvez voir l'endroit où je me suis planté, à 1mn08, là où on voit l'arbre, au final j'arrivais bcp plus vite que lui encore, et j'ai jamais pris le virage 😅😭

De mon côté, au moment du "choc", je m'éjecte par la gauche et tente mon plus beau roulé-boulé façon Yamakasi pour "dissiper" un peu l'énergie de la vitesse résiduelle, et j'espère ne rien taper/tordre. La moto retombe sur son flanc gauche, à côté de moi. Je me relève tout de suite, je me suis fait un peu claquer au sol malgré tout, mais ça va. La moto est sur un petit tapis d'herbe. Je la relève. Un carénage (écope avant) est cassé à gauche, le pare-main a littéralement explosé en mille morceaux, mais rien de méchant. Et rien du tout mécaniquement.

Plein de terre et d'herbe dans le levier d'embrayage et sa cocotte. Idem au niveau du sélecteur. Sa tige est tordue. La boîte est restée en 3ème. La moto a le nez dans le fossé, impossible de la reculer seul avec le degré de la pente. Un commissaire de course arrive vers moi en courant pour s'enquérir de mon état, puis pour m'aider. Je lui signifie tout de suite, bras levé, pouce levé, que je vais bien et que je peux repartir. Il m'aide à extraire la moto et la remettre à un endroit plan de la route, je la béquille. Je vire la terre et l'herbe prestement, je m'inspecte en vitesse, RAS. Je dois repasser le neutre, débrayer ne suffit pas avec cette moto. Je m'exécute. J'ai du mal à le trouver, du mal à passer le pied sous le sélecteur avec la tige tordue. Mais je finis par y arriver. Je demande à la moto de démarrer, elle s'exécute tout de suite, je repars en trombe. Les gens sur les côtés ont bien compris que je m'étais gaufré, ça m'applaudit de façon bon enfant lors de mon passage, ça fait plaisir. Ce n'est rien ou presque, la journée continue.

Heureusement pour moi, il restait peu de liaison avant le CH final de l'étape et le temps d'assistance avant l'étape 2. Teki me redresse le sélecteur comme il faut. Le lecteur de RB a bien tenu malgré un montage hasardeux et très artisanal, c'est parfait.

2ème Étape : l'étape de nuit

Ce qu'il faut déjà savoir, c'est qu'une bonne moitié des participants ne s'est inscrite qu'à la première Etape, c'est-à-dire les épreuves de jour. Cependant, pour valider la participation au Championnat de France des Rallyes-Routiers, il faut évidemment avoir fait les deux étapes (jour + nuit). Je n'avais pas cette ambition, mais comme je l'expliquais dans la première partie de ce CR, je voulais l'expérience complète. Je voulais vivre le Rallye de la Sarthe dans son intégralité, comprendre ce que c'était.
Bref, tout ça pour dire qu'on est déjà un peu moins sur la grille pour les deux dernières boucles.

Avant de réattaquer, on a un peu de répit mais pas tant que ça : grossomodo 1h10 pour manger, se reposer un peu, reprendre des forces, NETTOYER LA VISIERE hein, et puis retourner au charbon. 💪

Après un nouveau repas au Fouquet's (les plus perspicaces auront traduit par des sandwiches Sodebo et des mini-saucissons) me voilà prêt à reprendre l'étape 2, de nuit. Batteries rechargées, (moi, la moto pas besoin) malgré les courbatures naissantes, et en plus, ça va être l'occasion de tester les phares longue portée installés la veille par Teki ! Par contre, on a pas pu installer la bande LED de rétroéclairage du RB, et sa lecture devient moins évidente.

Pas de commentaire particulier sur la 4ème boucle sinon qu'elle était douce et agréable. Il faisait bon, le ciel changeait de couleur et les paysages aussi, on redécouvrait un peu les endroits que l'on avait pourtant déjà traversés à 3 reprises dans la journée. Ce fut même peut-être la boucle la plus chouette de la journée. On commence à bien connaître le tracé globalement, même s'il varie légèrement d'une boucle à l'autre, et les spéciales sont à peu près maîtrisées aussi. Heureusement, car il va falloir commencer à compenser le manque de visibilité.

En revanche, la dernière boucle fut la plus éprouvante. D'abord pour la raison évidente qu'on y voyait peu. Ensuite, et c'est lié, car je n'avais pas pu régler la question de l'éclairage de mon lecteur de RB, ce qui signifiait qu'à ce stade, j'étais littéralement sans RB. Il fallait donc que j'arrive à m'intégrer au petit groupe de Ducatistes avec lequel j'évoluais déjà, car eux avaient eu la bonne idée d'équiper leur lecteur pour la nuit. En outre, ils avaient de vraies grandes barres de feux additionnels à LED, parfaites pour le rallye, qui éclairaient bien plus fort que mon petit phare d'origine et mes deux feux à longue portée, efficace mais + pour les bas côtés que pour renforcer le faisceau principal. J'ai joué franc-jeu, la boucle on la connaissait déjà dans les grandes lignes, ils étaient OK. On a parcouru cette dernière étape en petit escadron de bicylindres italiens, et c'était très sympa. On aura même fini par se perdre ensemble, pas loin de l'arrivée, en ratant une bifurcation, mais c'était bien le cadet de nos soucis.

La vraie difficulté, c'était les spéciales. Une spéciale de nuit, c'est un peu comme t'élancer à 180km/h sur une route sinueuse avec les yeux bandés, un peu suicidaire. Bon, quand tu as l'éclairage de la Tour Eiffel sur ta meule, ça peut encore aller, mais quand t'as vu un peu light, c'est tout de suite moins engageant. La 1ère ES se déroule sans anicroche, la plupart des mecs qui sont restés ont levé le pied, mais il reste la poignée de gens présents pour performer, et eux, ben ils y vont, quoi. 💥🧨

RAS non plus sur la liaison suivante, ça suit son cours, on roule toujours en petit groupe, limite à la bougie. On est une petite bulle lumineuse de trois motos bruyantes qui évolue dans l'épaisse obscurité de la campagne, entre les champs, dans les sous-bois. C'est l'aventure, la vraie ! Et l'ouvreur du groupe, la Streetfighter V2 (Matthieu #424), doit en même temps lire son RB pour nous guider, tout en avoinant très respectablement au vu des conditions, merci et encore bravo à lui.✌️

Et puis, on arrive à proximité de la spéciale B, Lhomme. Pour vous donner une idée, pour y arriver, on évolue en centre-ville, on prend une épingle droite, on traverse une petite zone d'activité commerciale (vraiment petite), on grimpe un peu, on passe entre des barrières (qui délimitent la partie ouverte à la circulation et l'accès au secteur privatisé pour le rallye, ça tourne à angle droit à droite, puis il y a une petite route de campagne qui continue à grimper, il y a bien 700m jusqu'au CH de départ, je dirais. On arrive, mais là ya un vrai petit bouchon de motos déjà. Et puis ça s'entasse derrière nous. Devant nous, d'autres catégories parties avant, dont les side-cars, etc. On coupe, on descend, on se détend un peu, on se dit que ça doit congestionner un peu.
Et puis ça dure. 5mn, 10mn... on finit par être TOUS là, à attendre. Et puis ça discute, des bruits circulent. Des commissaires et autres personnes du staff passent dans les rangs, à proximité, y compris une équipe en voiture, etc. Il se passe clairement quelque chose.

Visiblement, il y a eu un accident, mais on en sait pas plus. L'équipe médicale débarque, une camionnette logistique aussi. Et puis petit à petit, on commence à récupérer + d'infos : l'un des pilotes, en spéciale, a perdu le contrôle alors qu'il était à 180km/h ! On est tous sous le choc et inquiets pour le pilote. Il finit par arriver quelques longues minutes plus tard, sain et sauf. Il a effectivement perdu le contrôle de sa moto à 180km/h pour une raison qu'il ignore, il est tombé de la moto et heureusement, car si lui est passé entre les arbres, sa moto a embrassé un tronc qui l'a... coupée en deux ! 😱 Ni plus ni moins.
Le camion logistique est parti récupérer les deux MT-04,5 😄 (ça va, on peut rigoler, le gars a rien). Et lui, miraculé, n'a rien. Pas un bleu. Sa combi est griffée, ouais. Son casque est à changer, ses gants aussi. Mais il n'est pas blessé, et c'est vraiment une nouvelle rassurante.
Les équipes finissent de tout nettoyer, et le rallye reprend son cours normalement jusqu'à l'étape finale.

Quand on arrive à Grand-Lucé, la trace nous amène sur le petit parking qui avait accueilli le contrôle sonomètre, la veille. Le contrôle horaire final est à l'entrée du parking, et on doit ensuite tous aller y garer et stationner nos véhicules. Ils y seront "séquestrés", car dans le règlement, si quelqu'un se plaint pour un doute, une suspicion de non-conformité, il faut que les motos soient à disposition. Ils n'hésitent pas à ouvrir un moteur pour vérifier, s'il y a suspicion de triche. Il faut donc attendre plusieurs heures. Au début, on attend sagement en regardant les autres arriver aussi, je dépose le casque, je retrouve Teki, on débriefe un peu, je suis rincé comme jamais. J'ai mal partout, je suis épuisé, mais j'ai la satisfaction immense d'être "finisher", un peu comme pour un marathon. On a prévu un airbnb cette fois pour se reposer avant de repartir tranquillement le dimanche matin. Et une fois de plus, on décide, du coup, de laisser la moto là, seule (avec les autres motos), et d'aller se doucher/pager, ce qu'on fait donc dans la foulée.

Je rentre difficilement dans la voiture, cette fois les courbatures sont bien là. Avec le froid de la nuit, je me suis retrouvé un peu "coincé" dans ma position de motard. Si on m'avait levé avec une grue, j'aurais pu garder la position, comme si j'étais fait de plastique moulé, quoi. Bref, c'est l'heure de l'addition, haha. On a qqch comme 20mn de route pour aller au BnB, inutile de préciser que je m'écroule, impossible de rester réveillé. Teki joue là-encore son rôle de Sam, merci à lui. On arrive, on discute un peu, je tombe péniblement l'armure de cuir, la douche fait un bien incroyable... puis c'est l'heure du repos bien mérité ! 🥱😴

Le lendemain, on retourne une dernière fois au point de rassemblement à Grand-Lucé, déjà pour récupérer la moto. J'ai dû remettre le costume, non sans peine, mais ça "va", je m'attendais à être bloqué, ce n'est pas du tout le cas. On arrive sur place, ma moto est l'une des seules restantes. On la laisse encore un peu car il y a la remise des prix juste à côté. On y passe une tête par curiosité. Le grand chef y est présent, ça fait plaisir !

On ne traîne pas trop longtemps, on a un barbecue qui nous attend à la maison ! 😋

Epilogue

Alors, la moto ?

Cette moto, la Ducati Hypermotard 1100 evo, ça a été un gros kif. C'était mon daily, une machine très fun. Je suis content de l'avoir emmenée en rallye, c'était chouette et ça détonnait un peu dans le paysage, même si elle avait une jumelle rouge.

Côté dégâts, j'ai donc eu un pare-main éclaté, une écope éclatée, et... c'est tout ! Mais le fait de voir toutes ces belles motos m'a donné envie de changer. J'ai beaucoup louché sur le Streetfighter V2 du #424, j'ai envisagé le V4... puis j'ai envisagé les hyper-roadsters princiers : S1000R, SD1290v3, Tuono V4... coup de cœur sur le Tuono, que j'irai essayer. Coup de cœur confirmé pour la version standard/RR, autrement dit "non Factory". Du coup, il me fallait vendre l'Hypermotard. Et pour le vendre, il fallait le réparer. J'ai choisi de la parer d'un ensemble de carénages en carbone, et de nouveaux pare-mains noirs, sobres. C'est ce que j'ai fait, elle a changé de look mais a rencontré du succès chez les acheteurs potentiels, et je l'ai vendue à l'euro près le prix que je l'avais acheté 1 an auparavant ! Les carénages et les pare-mains m'ont coûté au total environ 400€, rien de bien méchant. Aucune autre marque sur la moto, elle était nickel !

Et puis, j'ai commencé à potasser à fond le Tuono V4 2021/2022. Comme d'habitude : poncer tout le contenu sur Internet. Les essais presses, les essais amateurs, les annonces, les vidéos, les photos, etc. Vraiment une moto exceptionnelle. Et puis un jour, je tombe presque par erreur sur l'annonce de sa grande sœur : l'Aprilia RSV4 1100 E5, en base model, mais avec les jantes rouges de la Factory. Enorme crush. Mais ça, ça fera l'objet d'un autre article ! 😜

Et le Rallye Routier, alors ? En conclusion ?

J'espère que vous l'aurez ressenti en me lisant, mais j'ai été piqué par cette expérience. J'en imaginais beaucoup, je m'en faisais tout un truc, et ça a été à la hauteur de mes attentes et espoirs. C'est une compétition saine où on ne court pas contre les autres mais contre le chrono (et où on vise le respect du chrono, pas la vitesse max absolue). C'est ouvert à tous, on vient avec la moto de son choix tant qu'elle est homologuée route. Les frais d'inscription sont loin d'être exagérés, notamment quand on voit l'ensemble du dispositif déployé et la longueur des épreuves, le travail que ça représente, de préparation, de repérage, d'organisation, de logistique, etc.

C'est une aventure humaine, chacun roule avec sa machine, il y a une grande hétérogénéité de modèles et de pilotes, tous les âges, tous les physiques, des gens avec des ambitions, d'autres qui viennent pour s'amuser, d'autres comme moi pour découvrir et s'émerveiller. On se sent, comme pour un baptême sur piste, un peu comme un gladiateur dans l'arène, faut pas se leurrer. Ya un côté "t'es personne et pour autant t'es au milieu de champions, tu vis un truc fou, t'as de la chance d'être là, profite, savoure".

Est-ce que j'ai eu envie de faire tous les autres rallyes du championnat ? Oui. Mais ce n'était pas possible logistiquement parlant, ni forcément en termes de moyens financiers. La saison a été perturbée par un trop faible nombre d'inscrits et plusieurs rallyes ont malheureusement été annulés ou écourtés en 2022. Je sais que je m'engagerai pour le Rallye de la Sarthe 2023. J'espère pouvoir amener des copains avec moi. Toi, peut-être ? ❤️

Je recommande cette expérience à tout motard un peu chevronné qui aime l'arsouille et les longues balades dynamiques. On rencontre des gens cools, on découvre des routes improbables, on se révèle en spéciale (ou pas mdr), on éprouve notre endurance, on côtoie des cadors, on en prend plein les mirettes, les esgourdes, la poire. Longue vie au rallye routier moto ! Il faut s'engager pour que ça perdure ! 🙌

Je réponds à toutes les questions et j'aimerais vraiment aider des motard(e)s hésitant(e)s à sauter le pas, à oser, à s'engager, à parier, car vraiment ça en vaut la chandelle, je trouve. Donc n'hésitez pas à partager vos appréhensions et je me ferai un plaisir de vous expliquer pourquoi ça ne doit pas vous empêcher de vous engager pour courir 😊👌


Annexes